Affaire Bettencourt: trois proches de Sarkozy convoqués à la brigade financière

Publié le par DA Estérel 83

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Le juge Gentil semble bien décidé à explorer jusqu'au bout le versant politique de l'affaire Bettencourt. Le magistrat bordelais a, voici quelques jours, chargé les policiers parisiens de la brigade financière d'interroger trois proches de Nicolas Sarkozy, selon des informations obtenues par Mediapart. Thierry Herzog, Xavier Musca et Patrick Ouart, qui font tous les trois partie de la garde rapprochée de l'ex-président de la République, doivent être entendus comme témoins mardi et mercredi, dans les locaux parisiens de la brigade financière, selon des sources informées.

Thierry HerzogThierry Herzog

Thierry Herzog est un ami de trente ans de Nicolas Sarkozy, ils se sont connus comme jeunes avocats au début des années 1980 et sont restés très proches. Thierry Herzog est devenu le défenseur de l'homme politique Sarkozy, et il l'est resté quand celui-ci est entré à l'Élysée. Le cabinet Herzog a été associé de très près aux différentes plaintes déposées par Nicolas Sarkozy comme ministre de l'intérieur puis comme président de la République, que ce soit dans l'affaire Clearstream, ou encore l'épisode de la poupée vaudou ou celui du compte bancaire piraté.

Pénaliste chevronné, combatif, Thierry Herzog surveille aussi les différentes affaires menaçant son ami, comme les dossiers Takieddine. Adhérent revendiqué du RPR puis de l'UMP, l'avocat a été décoré de la Légion d'honneur par le président Sarkozy en 2009.

Patrick OuartPatrick Ouart

Le magistrat Patrick Ouart, lui, est un homme de l'ombre. Ayant fait l'essentiel de sa carrière au ministère de la justice, il a notamment été conseiller d'Albin Chalandon Place Vendôme, puis d'Édouard Balladur à Matignon, avant d'aller pantoufler dans le privé. Nicolas Sarkozy en a fait son conseiller à l'Élysée de 2007 à 2009. On dit alors de lui qu'il est le véritable garde des Sceaux tandis que Rachida Dati occupe la Place Vendôme.

Fin connaisseur de la procédure pénale, spécialiste des arcanes de la magistrature, Patrick Ouart retourne chez LVMH en 2009, mais il continue à surveiller les affaires pour le compte de Nicolas Sarkozy, notamment le dossier Clearstream. Les enregistrements Bettencourt, révélés par Mediapart en 2010, montrent également qu'il est en contact étroit avec le procureur de Nanterre Philippe Courroye. Patrick Ouart a été perquisitionné et interrogé dans cette affaire début 2011.

Xavier Musca, quant à lui, est un ancien condisciple de Nicolas Sarkozy à Sciences-Po, qui est resté son ami. Énarque, il a notamment été conseiller d'Édouard Balladur à Matignon, et a fait l'essentiel de sa carrière à Bercy. Nommé en 2004 à la tête de la puissante Direction générale du trésor et de la politique économique, il est devenu secrétaire-général adjoint de l'Élysée en 2009, puis secrétaire-général de 2011 à 2012. À ce titre, il a eu la haute main sur les dossiers sensibles du quinquennat.

Xavier MuscaXavier Musca

Après la défaite de Nicolas Sarkozy, il a rejoint le Crédit agricole. Xavier Musca fait, par ailleurs, l'objet d'une enquête préliminaire après avoir été accusédans une affaire de corruption et de trafic d'influence.

Depuis plusieurs semaines, le juge Gentil épluche les agendas de Nicolas Sarkozy, et s'attache à vérifier si le président de la République a pu influencer le cours de l'enquête préliminaire pour abus de faiblesse dirigée à Nanterre par le procureur Philippe Courroye.

Le juge d'instruction bordelais consacre du temps à l’exploitation minutieuse des agendas de Nicolas Sarkozy, qu’il a saisis lors de la triple perquisition visant l’ex-président de la République, effectuée le 3 juillet avec les policiers de la brigade financière.

Selon des sources informées, le magistrat veut vérifier si Nicolas Sarkozy a rencontré Éric Woerth à des dates proches des rencontres ayant eu lieu entre le trésorier de l’UMP et son ami Patrice de Maistre, alors gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt, et qui organisait discrètement le rapatriement d’espèces depuis la Suisse. Par ailleurs, toujours selon ces mêmes sources, le juge d'instruction bordelais épluche les contacts entre l’Élysée et le magistrat Philippe Courroye, afin de vérifier si le traitement de cette affaire d’abus de faiblesse par l’alors procureur de Nanterre a subi une inflexion à la suite d’instructions politiques qui auraient pu être données au plus haut niveau de l’État.
La thèse de Françoise Bettencourt-Meyers et de ses avocats étant que le procureur Courroye a voulu étouffer l’affaire après avoir reçu des conseils appuyés de l’Élysée.

 

Publié dans Affaires

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