Pourquoi l’affaire de la BAC Nord de Marseille fait trembler Beauvau

Publié le par DA Estérel 83

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Dans les quartiers Nord de Marseille, les flics de la BAC partaient parfois en expédition comme des voyous. Mission : dépouiller les dealers. Du jamais vu en France à cette échelle.

Exclusif : pourquoi l’affaire de la BAC Nord de Marseille fait trembler Beauvau
Le scandale qui secoue la police marseillaise risque de marquer pour longtemps la police nationale.  
 
L’affaire est hors norme pour plusieurs raisons, et d’abord à cause du nombre de fonctionnaires concernés : pas loin de la moitié des effectifs de la brigade anti criminalité chargé des quartiers Nord de la cité phocéenne, soit une trentaine de personne. 
Elle est aussi hors norme dans la forme. Ces gardiens de la paix ne sont pas seulement soupçonnés de s’être nourris sur la bête, autrement dit d’avoir prélevé ici et là une liasse de billes dans la poche des dealers, quelques barrettes de shit ou un bijou de temps en temps. Ils sont soupçonnés d’avoir monté de véritables razzias dans les cités, visages dissimulés sous des cagoules, façon braqueurs, et battes de base-ball en main. Bons connaisseurs de cers quartiers, ils savaient à quelles portes frapper pour trouver de la came ou de l’argent. 

Dans ces territoires perdus de la République que sont les quartiers Nord de Marseille, les « cow-boys » de la BAC avaient inventé une police éloignée de tous les canons habituels. Une police peu républicaine, comme si le terrain avait déteint sur eux, à moins que ce ne soit le contraire. 
 

L’affaire surprend enfin par la durée : ces pratiques étaient apparemment répandues depuis des années. Pire, elles étaient connus de beaucoup. Il aurait suffi d’écouter ceux qui demandaient leur mutation aussitôt arrivés sur place pour prendre la mesure de la situation. Aucun responsable hiérarchique ne l’a fait. Pourquoi ? C’est la question que se pose aujourd’hui le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls. Une question à laquelle un commissaire passé par Marseille offre un début de réponse : « Aucun de nous ne voulait prendre le risque d’aller regarder sous le tapis, de crainte de voir son nom associé à une sale histoire ». 

Le dernier responsable de la sécurité publique à Marseille, Pascal Lalle, en poste dans la ville pendant 4 ans, avait bien mené un début d’enquête. Mais selon ses dires, il n’avait obtenu aucune preuve. Affaire classée, donc, jusqu’à ce que s’en mêle le nouveau préfet délégué à la police, Alain Gardère. Nommé par Claude Guéant au mois de septembre 2011, il s’empare du dossier et saisit l’inspection générale des services. 
Depuis, grand ménage oblige, Pascal Lalle a été promu directeur central de la sécurité publique et Alain Gardère a été recasé à l’aéroport de Roissy. Les successeurs, au premier rang desquels le Préfet Jean-Paul Bonnetain, auront-ils les effectifs suffisants pour redresser la barre ? La probable mise sur la touche d’une bonne partie des effectifs de la BAC pourrait bien compromettre la mission. 
 

Publié dans Affaires

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