Brouillard sur la ligne fiscale

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

La rumeur élyséenne veut que François Hollande ait supervisé au plus près l'élaboration du budget 2013 en se faisant notamment communiquer des simulations de ses effets fiscaux sur différentes catégories de contribuables. Mené au nom de la «juste répartition» des efforts des Français pour résorber la dette publique, cet examen minutieux n'a pas empêché l'irruption de l'affaire des «pigeons», qui a contraint le gouvernement à un rétropédalage sur l'alourdissement prévu de leur fiscalité. Il n'aura fallu que trois jours à ces entrepreneurs de la Net-économie pour amener le ministre Pierre Moscovici à accepter d'apporter «des corrections» pour modifier des dispositions qui, de son propre aveu, «sont mal calibrées».

Trois jours de trop dans une séquence budgétaire déjà plombée par la communication erratique d'un Premier ministre affirmant contre toute évidence que 9 contribuables sur 10 seraient exonérés de l'effort fiscal programmé en 2013. La réalité, chacun l'a compris avec le budget de la Sécu et sa kyrielle de hausses de taxes, est qu'une pression fiscale sans précédent va toucher l'ensemble des Français à un niveau et selon une répartition qu'il devient urgent de préciser. Le casse-tête du budget n'est en effet qu'un avant-goût des décisions impopulaires à venir pour abaisser le coût du travail et restaurer la compétitivité des entreprises. Officiellement, François Hollande attend le rapport de Louis Gallois et la concertation des partenaires sociaux pour trancher entre les pistes proposées dont la plus évidente, et évoquée par tous, passe par une augmentation de la CSG.

Mais que dire alors de la cacophonie gouvernementale sur une réforme qui conduira inéluctablement au transfert d'une partie importante (Louis Gallois préconise 40 milliards d'euros sur cinq ans) des charges des entreprises vers les ménages? Jean-Marc Ayrault assure d'abord que la CSG ne sera pas augmentée... en 2013. Puis ses lieutenants Moscovici, Cahuzac, et Sapin, entre autres, réfutent une augmentation «généralisée» de la CSG sans exclure, selon le dernier, «des hausses ciblées». Tout autant que la reculade face aux «pigeons» de la net-économie, le feuilleton sur la CSG entretient un brouillard fiscal de nature à miner la confiance souhaitée par François Hollande. En découpant en séquences conflictuelles l'ordonnance de la cure de rigueur imposée au pays, François Hollande offre l'image peu reluisante d'un exécutif hésitant et brouillon.«Ce qui se conçoit bien, s'énonce clairement» prévenait déjà Boileau.

François Hollande et sa majorité feraient bien de revisiter leurs classiques s'ils veulent éviter de voir leur entreprise de redressement du pays se transformer en boomerang politique.

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