Les primaires, victimes des régionales ?

Publié le par JM Normand - Blog Le Monde

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24 mars 2010

Le moral des socialistes est au beau fixe. A peine fêtée la victoire du PS – pardon, de la gauche…- aux régionales, les voilà primadonna.1269462690.jpgqui lancent une vaste campagne d’adhésions (prix unique : 20 euros, comme en 2006) avec, en prime, une opération de teasing. A Paris, Lyon et Marseille, notamment, d’énigmatiques affichettes portant le slogan « maintenant, j’y vais » ont été agrafées dans la nuit de dimanche à lundi. Il ne s’agissait pas d’une pub pour une banque mais d’un appel à rejoindre le PS. Le slogan en question, assure David Assouline – ex-pro Royal devenu pro-Aubry – a été trouvé par la première secrétaire elle-même, lors d’un brain-storming. Cette inspiration, insiste-t-il, « a fait économiser 50 000 euros » au parti. De quoi donner une idée des tarifs des boites de com’. Heureusement que le PS n’a pas décidé de changer de nom, comme le suggérait Manuel Valls. On n’ose imaginer la facture.

Si les régionales stimulent le génie créatif des socialistes, elles paraissent, en revanche, quelque peu refroidir leur frénésie de primaires ouvertes. Depuis que le spectaculaire redressement électoral du printemps 2010 a consacré Martine Aubry comme candidatepriadonn2.1269462670.jpgnaturelle en puissance, cette procédure destinée à désigner le leader du PS par les électeurs volontaires semble perdre de son attrait. D’autant que, socialistes et écologistes étant pour ainsi dire tombés dans les bras entre les deux tours, l’idée – hier encore pure hypothèse d’école - que la consultation pourrait être ouverte à Europe Ecologie reprend de la vigueur. Les primaires serviraient alors à désigner un candidat commun dés le premier tour plutôt qu’à sacrer une figure de proue strictement PS.
 
La première conséquence de ce glissement porte sur le processus de présélection. La pression des quinquas pour limiter le nombre de candidats à la candidature se fait de plus en plus forte. « On ne va pas présenter une demi-douzaine aubryrennes2-600.1267470639.jpgde socialistes. Ce seraient des primaires d’épuisement ! » prévient Claude Bartolone. Bref, mieux vaudrait restreindre la grille de départ à la brochette Aubry et/ou DSK-Royal-Hollande. A l’extrême limite, un quadra (à choisir parmi Valls, Montebourg et Moscovici) pourrait pointer le bout de son nez. Ce schéma n’est pas celui que préconise Arnaud Montebourg, le secrétaire national à la rénovation, partisan d’un mode de désignation plus ouvert.

Une autre idée, plus radicale encore, fait son chemin. Elle consisterait à désigner, en interne (c’est à dire par les militants, comme au bon vieux temps), un candidat socialiste pur-sucre qui irait bravement se mesurer aux représentants du 4132874293_5237ef65d1_m.1269461111.jpgPRG et du MRC voire d’Europe Ecologie devant le suffrage universel. Une solution « à l’italienne », censée protéger le parti des inévitables divisions inhérentes à la noble – mais, comprenez-vous, périlleuse…- bataille des primaires. Les pro-Aubry, forcément, y pensent tout bas. Les partisans de François Hollande aussi mais eux non plus n’en disent mot. Le seul à oser proposer ouvertement cette solution est François Rebsamen. Ce complice de longue date de l’ancien premier secrétaire a, récemment, amélioré ses relations avec l’actuelle première secrétaire. « Pourquoi ne pas réaliser un accord général autour d’un candidat aux primaires qui recevrait le soutien de tous et composerait une équipe voire un ticket ? Ce serait le meilleur moyen d’éviter des primaires traumatisantes » nous assure le sénateur et maire de Dijon. De même, iI plaide – autre concept très en vogue, ces temps-ci – pour la convocation « d’ateliers de l’alternance » destinés à élaborer un « projet partagé » parmi les composantes de la gauche.

royalcray.1269462710.jpgPour qui roule le camarade Rebsamen ?Pour Martine Aubry (c’est elle qui, actuellement, se trouve en situation favorable), pour son ami François Hollande (qui attend son heure mais pourrait aussi postuler à la constitution d’un « ticket »), pour lui-même (l’ancien numéro deux du PS, que l’on dit très intéressé par la présidence du Sénat en cas de majorité de gauche au Luxembourg en 2011, cultive une image d’homme de consensus) ? Pas pour Ségolène Royal, en tout cas. La présidente de la région Poitou-Charentes, qui a totalement vendangé sa rentrée mardi soir sur TF1 (elle serait presque pas encore tout à fait candidate aux primaires, si l’on a bien compris) aura droit à une deuxième chance jeudi soir sur France2 face à Daniel Cohn-Bendit. 

Pour l’instant, ce débat sur l’organisation des primaires ne fait qu’affleurer. En revanche, « cela commence à se tendre sur la question de la date du congrès ; avant ou après la désignation du candidat » souligne l’un des protagonistes des discussions en cours. Celles-ci devraient s’accélérer pour aboutir mi-avril à la présentation des propositions de la commission Montebourg devant le Bureau national. Au fait, personne ne propose encore de repousser le congrès après la présidentielle.

Jean-Michel Normand

http://partisocialiste.blog.lemonde.fr/2010/03/24/les-primaires-victimes-des-regionales/ 

Publié dans Elections

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