Ils se lèvent tous pour Lagarde !

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

A entendre les vivats européens et les cocoricos hexagonaux qui ont salué hier l'annonce de la candidature de Christine Lagarde à la direction générale du Fonds Monétaire International, on avait l'impression d'être dans une tribune de supporters avant une finale de coupe du monde !

Même chauvinisme. Mêmes encouragements venant aussi bien de la classe politique, des médias que du bon peuple ravi d'exprimer à son tour son bonheur et sa fierté qu'une Française brigue un tel poste !

Que la future direction du FMI puisse autant passionner les foules, qui l'aurait cru il y a deux semaines ? Sauf qu'entre-temps il y a eu ce véritable choc, ce traumatisme national qu'a été l'affaire DSK... Comment s'empêcher en effet de voir en ce brusque intérêt une façon radicale et expéditive de chercher à gommer au plus vite la calamiteuse sortie de DSK ?

Comment ne pas percevoir cette candidature comme une volonté de revanche sur le mauvais sort, une occasion de venger l'image d'une France dont on nous dit sur tous les tons qu'elle a été salie par ce sinistre épisode du Sofitel de Time Square ?

Car même si on ne peut contester à Christine Lagarde un entregent certain, une aisance naturelle à se mouvoir dans les plus hautes instances internationales où elle est «reçue comme une rock star», si elle dit elle-même qu'en tant que femme, elle «projette moins de testostérone en politique», si elle a un savoir-faire indéniable acquis dans l'un des plus grands cabinets d'avocats américain, on est quand même stupéfait de la voir faire à ce point l'unanimité.

De David Cameron à Angela Merkel en passant par Martine Aubry, chacun semble décidé à se rallier au panache de l'actuelle dame de Bercy. Du coup, ceux qui comme Jérôme Cahuzac, président PS de la Commission des Finances osent dire que cette candidature n'est pas une bonne idée en rappelant notamment que le bouclier fiscal c'est quand même un peu sa marque de fabrique sont quasi accusés de vouloir marquer contre leur camp...

Quant à ceux qui évoquent l'épée de Damoclès que fait peser sur la tête de Christine Lagarde sa possible comparution devant la Cour de Justice de la République dans le règlement très contesté de l'affaire Tapie, c'est tout juste si on ne les soupçonne pas d'intelligence avec l'ennemi.

Et pourtant, la plainte déposée dans cette même affaire pourrait bien constituer aux yeux du conseil d'administration du FMI - et donc de l'Amérique... - le handicap majeur à cette candidature. Bien plus en tout cas que la menace que fait courir la concurrence à ce poste d'un représentant des pays émergents à qui l'Europe et les Etats-Unis devraient expliquer lors du prochain G 20 qu'il leur faudra attendre leur tour... encore un peu.

Christine Lagarde leur a, elle, déjà tendu la main en expliquant que la dimension sociale que DSK avait insufflée au FMI était «parfaitement appropriée» et serait poursuivie. Sa campagne a commencé.

Publié dans Economie

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