Terra Nova fait le bilan de la primaire socialiste

Publié le par DA Estérel 83

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Un mois après la primaire, Terra Nova se livre au «retour d'expérience». Avec force savoir-faire, le think-tank autoproclamé «progressiste» fondé par Olivier Ferrand continue son lobbying autour d'une idée qu'il a contribué à populariser. Objectif: consacrer l'exercice citoyen de désignation et l'étendre aux scrutins locaux. Pour ce faire, le centre d'études a rendu un rapport «dressant le bilan et tirant des leçons pour l'avenir», selon les termes de Ferrand. 

Dans ce document, téléchargeable intégralement ici (PDF), Terra Nova ne pointe que quelques rares critiques sur la primaire socialiste. Ainsi, l'absence d'un débat télévisé pendant l'été ou le fait que payer «même 1 euro» a pu s'avérer discriminant (il plaide pour le don libre, comme en Italie, permettant donc le vote gratuit). Autre remarque, le terme de «charte des valeurs de la gauche» a pu «effrayer des électeurs potentiels» (il propose de le remplacer par«valeurs progressistes»), ou encore des pertes dans le fichier de contacts (1 million d'adresses, mais finalement 600.000 lisibles et donc enregistrées). 

En outre, le rapport préconise de professionnaliser davantage le vote, notamment par le biais d'une proposition de loi donnant «un cadre juridique spécifique aux primaires, afin qu'elles puissent être généralisées à l'ensemble des partis qui le souhaitent, même si les conditions de mises en œuvre dépendent des partis et des circonstances», dit Olivier Ferrand. Cet encadrement législatif permettrait ainsi «un accès de droit aux listes électorales numérisées», comme«un accès gratuit aux bureaux de vote de la République»

Terra Nova s'adresse également à trois autorités administratives indépendantes, la Cnil, le CSA et la Commission des comptes de campagne, afin de faciliter à l'avenir les primaires et permettre aux organisateurs d'en tirer davantage de bénéfices. Serait alors permis de conserver les listes de contacts récupérées (alors qu'aujourd'hui elles devront être détruites après la présidentielle), de ne pas intégrer les dépenses du vainqueur dans son compte de campagne présidentielle, et de ne pas comptabiliser les temps de parole des prétendants dans celui du parti organisateur.

En revanche, aucun mot sur le rôle des sondages, malgré plusieurs communiqués de la Haute autorité de la primaire, ni sur leur possible encadrement à l'avenir. Il faut dire que le rapport est accompagné d'un sondage de l'institut Opinion-Way, réalisé gratuitement par l'institut partenaire de l'étude.«Tout a bien fonctionné sur ce plan», évacue Ferrand quand on objecte que leur inflluence a peut-être été déterminante dans la victoire de François Hollande. 

Pas de réserves non plus sur les questions financières et le constat que les deux candidats arrivés en tête au premier tour sont ceux qui ont disposé, et de loin, de la plus grosse manne financière (via des contributions d'élus, voire des dons importants de personnes physiques). Très "américaniste", Olivier Ferrand préfère retenir que «les pratiques de micro-dons qui avaient fait la force de Barack Obama ont commencé à prendre leur essor en France», citant Arnaud Montebourg qui revendique «presque 100.000 euros» recueillis à partir de ces dons personnels.

Quant au constat d'une désaffection profonde des quartiers populaires, elle n'a pas suscité de réflexion spécifique. «La sociologie du PS n'est pas étrangère à ces mauvais résultats», estime-t-il, expliquant que «déjà qu'on ne trouve pas facilement le bureau de vote dans ces quartiers, il y en avait cette fois-ci cinq fois moins et on n'avait la liste que par internet». Mais l'idée d'une «plus grande mobilisation de terrain nécessaire» n'a pas été reprise à l'écrit.

Réel enjeu autour du rapport: quelle suite donner à la primaire? «Une généralisation verticale», propose Olivier Ferrand avec ce «langage technocratique» qui fait son charme. En clair, une extension de la primaire au niveau local. «Il faut se caler sur l'exemple italien, explique-t-il.Permettre les investitures par des primaires locales pour les maires des villes de plus de 50.000 habitants et les présidents de région et de département.» Un vrai challenge pour le PS, dans la poursuite de sa rénovation. Mais avec le risque de voir d'autres partis venir contester son leadership local, comme c'est aujourd'hui le cas de l'autre côté des Alpes.

Publié dans Gauche

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