Minima sociaux et maxi zizanie

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

Roselyne Bachelot n'avait pas du tout apprécié que Laurent Wauquiez vienne empiéter sur son territoire avec sa proposition de plafonner les minima sociaux et de contraindre les bénéficiaires du RSA à «assumer» des heures de travail collectif. C'est également sans surprise qu'on avait vu le père de cette mesure, Martin Hirsch, exaspéré, lancer au journal de 20 heures de lundi que ce projet de loi de son ancien collègue de gouvernement «ne tenait pas debout» et qu'il s'étonnait que celui-ci raconte autant de contre-vérités. 

On avait évidemment eu droit à une volée de bois vert des socialistes et à un tir de barrage des centristes. Dominique de Villepin n'avait pas manqué de sauter sur l'occasion pour rappeler sa proposition de «Revenu citoyen» tout en dénonçant, à l'inverse, cette façon de «faire du travail une punition de l'oisiveté, pas une chance d'insertion». Mais on n'avait encore rien vu... Hier, l'affaire a pris une nouvelle ampleur avec l'entrée en jeu d'un François Fillon dans tous ses états et d'une UMP divisée entre son aile chiraco-sociale et sa frange ultra-libérale. En l'absence de celui par lequel le scandale est arrivé, le traditionnel «petit-déjeuner de la majorité» qui réunit chaque mardi matin sous la baguette de Nicolas Sarkozy les principaux responsables de la droite a donné lieu à une sévère remontée de bretelles de la part de Fillon. 

Il faut dire qu'avoir entendu précédemment Wauquiez pérorer sur son initiative en accusant le «concert des bien-pensants qui veulent que rien ne bouge» a de quoi énerver. Surtout quand on vient d'être envoyé au front pas l'Elysée pour défendre un bilan où figure en bonne place... le RSA. Une colère d'autant plus légitime que nombreux sont ceux à l'intérieur même de la majorité qui ne se cachent plus pour expliquer que Wauquiez est trop ambitieux pour s'être lancé ainsi sans feu vert de l'Elysée. Mais à propos, qu'en pense Nicolas Sarkozy ? Officiellement, le Président n'a pas pris position. Et le candidat ? Pas besoin d'être sorti de Sciences po pour comprendre que dans les mois qui viennent Nicolas Sarkozy entend opposer la valeur travail à ce que Wauquiez décrit comme de l'«assistanat». Un «assistanat» qui n'est pourtant - sauf exceptions ou fraudes - que l'appellation démagogique de ce qu'on désigne généralement sous le vocable de solidarité... 

A travers cette thématique, il s'agit bien évidemment une nouvelle fois de cliver, d'opposer les Français qui ont un petit salaire et les chômeurs. Sauf qu'à force d'opposer pour mieux régner, Nicolas Sarkozy est en train de cliver y compris son propre camp. Entre un Morin sorti et vindicatif, un Borloo en rupture d'UMP et imprévisible et un parti présidentiel ballotté, Sarkozy va devoir compter sur autre chose que la méthode Coué - «Cette élection, moi, je la sens bien» - pour affronter les douze prochains mois.

 

....Mais aussi :

 

Ces dissensions dans la majorité pourraient toutefois être à relativiser. Nombre de figures de la majorité jugent en effet que si M. Wauquiez a "tort sur la forme" ou sur"la méthode", il a raison "sur le fond". C'est le cas de l'aile droite de l'UMP, dont Eric Ciotti, l'un des représentants, notait ainsi que les propositions de M. Wauquiez sont"largement majoritaires dans notre électorat". 

Selon Le Figarol'Elysée compte bel et bien continuer à évoquer "l'assistanat",considéré comme excessif et sujet à des dérives par une majorité d'électeurs de droite et de classes moyennes. Annoncé par le conseiller de l'Elysée Patrick Buisson, ce thème pourrait même être majeur dans la campagne. La double articulation entre l'offensive de M. Wauquiez et son recadrage elyséen pourrait être un moyen de parler à la frange de l'électorat qui approuve le ministre tout en ménageant ceux qui trouvent qu'il se trompe de combat. En attendant d'éventuels futurs arbitrages, par exemple en vue de la convention de l'UMP annoncée pour le 8 juin autour de la "justice sociale".

Le Monde.fr

Publié dans Social

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