Les législatives, des élections qui peuvent rapporter gros

Publié le par DA Estérel 83

L'Expension

 

 

Plus de 6600 candidats vont briguer ce dimanche un siège à l'Assemblée nationale. Leurs motivations ne sont pas que politique. Des résultats aux législatives dépend le versement de subventions publiques. A la clé, 76 millions d'euros à se partager cette année.

Urne, vote au premier tour des régionales, le 14 mars 2010, à Montpellier.
Urne, vote au premier tour des régionales, le 14 mars 2010, à Montpellier.
REUTERS/Jean-Paul Pelissier

76 millions d'euros: c'est la cagnotte auxquels peuvent prétendre cette année les 330 partis qui présentent des candidats au premier tour desélections législatives françaises, ce dimanche 7 juin. C'est un peu moins que l'année dernière (80 millions), mais cela suscite quand les convoitises. D'où la pléthore de candidats: 6603 pour 577 postes de députés à pourvoir, soit une moyenne de 11 candidats par circonscription. Un record. Evidemment, représenter l'intérêt de la Nation et voter les lois est une perspective alléchante. Mais ce n'est pas la seule motivation: les partis espèrent aussi avoir accès aux subventions publiques.

Quelles sont les règles pour obtenir des financements publics?

Les subventions annuelles, régies par une loi de 1988, se décomposent en deux parts. La première enveloppe (38 millions) est répartie en fonction du nombre de voix récoltées: un parti reçoit 1,60 euro par an et par voix sur cinq ans, à condition d'avoir présenté au moins 50 candidats et d'avoir passé le seuil de 1% des voix dans 50 circonscriptions. Cette somme peut être diminuée si le parti ne respecte pas la parité. La seconde fraction du financement public est destinée aux partis qui ont des élus: chaque parlementaire rapporte 42.228 euros par an à son parti.

Quels sont les partis qui en bénéficient?

Les 331 partis ne vont pas tous toucher des subventions publiques, vu les critères. En Seule une quarantaine d'entre eux reçoivent chaque année des subsides de l'Etat. Et les trois quarts sont captés par les deux grands partis. L'UMP a ainsi récolté 33,3 millions d'euros en 2010 (soit 41% du total des subventions), le PS 23,2 millions (29%). Il n'empêche: ce mode de financement a suscité la polémique ces derniers jours, parce que certains petits partis bénéficient d'aides publiques alors qu'ils ne sont pas actifs politiquement. Par exemple, le Trèfle, parti des "nouveaux écologistes du rassemblement homme nature et animaux" reçoit chaque année environ 160.000 euros de la part de l'Etat alors qu'il n'a pas d'élus.

Qui va rafler la mise cette année?

Le PS. Le parti du président devrait profiter ces cinq prochaines années de subventions supérieures aux 23 millions d'euros qu'il touchait jusqu'à présent, même s'il ne devrait pas toucher jusqu'à 33 millions comme l'UMP. Cette manne va permettre au PS de rembourser les frais engagés pour la campagne présidentielle - 22 millions d'euros - et organiser son congrès à l'automne. Europe Ecologie-Les Verts devraient profiter de leur accord avec le PS, qui leur garantit entre 15 à 20 élus, pour doubler leur mise: les verts pourraient empocher une manne annuelle de 3 millions d'euros, contre 1,8 million jusqu'à présent. L'UMP, en revanche, devrait y laisser des plumes - si la victoire de la gauche se confirme. D'autant que le parti ne présente que 25% de femmes aux législatives. Il devra donc rembourser les pénalités liées au non-respect de la parité, à hauteur de 5 millions d'euros par an.

Le FN, fort du score obtenu par Marine Le Pen à la présidentielle, a présenté des candidats dans la quasi-totalité des circonscriptions. Il vise une subvention d'environ 7 millions d'euros, avec un score de 16%. Les partis centristes ont quant à eux choisi de ratisser large maximiser les gains. Le président du Modem François Bayrou a créé le Centre pour la France, une nouvelle structure qui lui permet de présenter environ 400 candidats, dont les voix gonfleront les caisses du parti. Le Nouveau Centre de Hervé Morin présente 97 candidats. Jean-Louis Borloo (Parti radical) a quant à lui créé l'Union radicale du centre, des indépendants et des démocrates (Urcid) qui présente 90 candidats.

Ces subventions sont-elles vitales pour les partis?

Pour certains plus que pour d'autres. Les aides publiques représentent 67% des recettes totales de l'UMP. La perspective d'une baisse de ces subventions n'est donc pas réjouissante, d'autant que le parti a accumulé plus de 28 millions d'euros de déficits après 2007 et a dépensé plus de 20 millions pour soutenir Nicolas Sarkozy à la présidentielle. Le PS est moins dépendant des aides publiques, qui ne représentent que 42% de ses recettes totales. C'est pour le FN et le Modem que ces aides sont les plus vitales. Sans élu à l'Assemblée depuis 1988, le parti frontiste doit survivre sans la seconde fraction de l'aide publique. Depuis la débâcle des législatives de 2007 (4,3%), le FN devait se contenter d'environ 1,8 million d'euros d'aides par an. Criblé de dettes, le parti a été forcé de multiplier les emprunts auprès des banques et a dû vendre le "Paquebot", son siège historique, pour une dizaine de millions d'euros. Quant au parti de François Bayrou, les aides publiques représentent 80% de ses recettes totales.

Publié dans Elections

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