Sermon de campagne

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

Même la majorité a des états d'âmes en craignant qu'on lui refasse le coup du débat calamiteux sur l'identité nationale ? La convention UMP du 5 avril sur la laïcité et la place de l'islam crée le malaise au point que François Fillon jure qu'il sifflera la fin de la partie si le débat vient à dériver ?

A l'évidence peu en chaut au Président de la République. Lui est en croisade. Pardon en campagne. Enfin, on ne sait plus très bien... Hier, au Puy-en-Velay, le président-candidat a en effet repris son bâton de pèlerin afin de porter la bonne parole, de ramener les brebis égarées dans le troupeau et pourquoi pas d'évangéliser ces électeurs qui, selon les sondages, sont de plus en plus nombreux à être séduits par Marine Le Pen.

Au Puy-en-Velay, prologue de son tour de France, Nicolas Sarkozy a en tout cas mis les pieds dans le débat sur la laïcité et la place des religions. L'héritage patrimonial de la France n'était hier que prétexte pour celui qui se proclame «président laïque» de revendiquer le «magnifique héritage de civilisation» qu'est la chrétienté. Une occasion soigneusement planifiée pour que le président s'enflamme sur cette «France que nous aimons, la France dont nous sommes fiers, la France qui a des racines».

Il n'y aurait rien à redire à ce bel enthousiasme, à cette célébration de notre culture, à ces quelques rappels historiques si cette envolée lyrique ne sentait le réchauffé. N'est-ce pas en effet le même couplet qui a déjà servi lors de la campagne de 2007 ? Mêmes références à Levy-Strauss - «l'identité n'est pas une pathologie» - même évocation de «l'héritage de civilisation»: Nicolas Sarkozy redit la messe qui lui avait si bien réussi en 2007.

On sait d'ailleurs, grâce au Figaro, que Le Puy-en-Velay n'est que la première étape de la croisade-campagne. Selon une stratégie dite du Malet et Isaac, Nicolas Sarkozy devrait en effet poursuivre ses apparitions dans des lieux eux aussi fortement symboliques tels que Domrémy, le village de Jeanne la Pucelle, le Mont-Saint-Michel ou encore la basilique de Vezelay. Il se murmure également qu'il s'inviterait le 1er mai à Rome pour la béatification de Jean-Paul II...

Parallèlement à cette offensive de charme en direction de l'électorat catholique, ce tour de France doit également permettre à Nicolas Sarkozy de se positionner comme un homme des terroirs, de cette trop fameuse «terre qui ne ment pas» et ceci notamment par rapport à l'«Américain» Dominique Strauss-Kahn.

Ce n'est pas pour rien qu'après que Christian Jacob ait déclaré que DSK ne représentait pas «l'image de la France des terroirs», le maire du Puy-en-Velay, Laurent Wauquiez, secrétaire d'Etat aux Affaires européennes, en a remis hier une couche en expliquant que le discours du patron du FMI était «celui d'une mondialisation sans couleur, ni saveur». Et sans odeur d'encens, tant qu'on y est...

Publié dans Politique

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