Sarkozy l'amateur file en Turquie

Publié le par DA Estérel 83

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Nicolas Sarkozy s'envole pour la Turquie, un autre de ses échecs diplomatiques. Il l'avait promis en avril dernier. Pour Sarkozy, la Turquie a toujours moins compté que la Libye de Kadhafi, la Tunisie de Ben Ali ou même le Gabon d'Omar et Ali Bongo. En France, il avait reçu MAM, sa ministre sur le départ. Et Dominique de Villepin, son rival prêt à partir au combat. Nicolas Sarkozy reste tout entier candidat, aux détriments de la conduite des affaires du pays. 

Turquie, l'incompréhension
Vendredi, Nicolas Sarkozy fait une visite expresse de quelques heures en Turquie. Il l'avait promis en avril dernier. Pour une fois qu'il tient une promesse... Le premier ministre Erdogan a regretté la rapidité du déplacementqui, selon lui, n'est pas « à la hauteur de l'amitié entre la France et la Turquie. » « J'aimerais parler en toute franchise. Nous aurions aimé accueillir le président de la République française, mais vendredi ce n'est pas en tant que président de la République française qu'il vient, mais en tant que président du G20 » a-t-il complété. L'attitude française vis-à-vis de la Turquie depuis 2007 est hallucinante. Sous prétexte qu'il est opposé à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne, Nicolas Sarkozy a réservé moins d'égards à ce pays qu'à ... la Libye ! Erdogen le rappelle succinctement : « Nous regrettons également que M. Sarkozy n'ait pas fait de visite en Turquie depuis qu'il est en fonctions. Le président de la République de Turquie est allé en France, et moi-même, en tant que Premier ministre, j'y suis allé.»

Cette incompréhension sarkozyenne vis-à-vis de la Turquie ne cesse de surprendre. L'opposition à son entrée dans l'Union européenne ne justifie pas tout. La Turquie est membre de l'OTAN. C'est une démocratie laïque, de religion musulmane, une rareté géographique qui aurait mérité davantage d'attention. Elle a signé un accord d’union douanière en 1995 avec l'UE. Pourquoi cette opprobre française ? En 2009, la France célébraitl'année de la Turquie. Sarkozy bouda l'inauguration officielle, en délivrant un strict minimum.

En octobre dernier, Bernard Kouchner, quelques semaines avant d'être évincé du gouvernement, c'était rendu à Istanbul. « Nous souhaitons plus d’investissements turcs en France, nous souhaitons plus d’investissements français en Turquie. » Quel effort ! Avez vous entendu Nicolas Sarkozy développer la même énergie pour favoriser les échanges économiques entre la France et la Turquie ? Non bien sûr.

Qu'a donc fait la Turquie pour mériter pareil mépris ? Elle gêne Sarkozy. Le candidat de 2007 et de 2012 a fait de son hostilité à l'entrée de la Turquie dans l'UE l'un de ses arguments frontistes de base. Pour des raisons bassement électoralistes, Sarkozy a choisi, depuis son élection, de surjouer le mépris contre la puissance turque, alors qu'il a multiplié les signes de complaisance avec l'Egypte, la Syrie et même la Libye. 

Libye, la compromission
« La France a vendu des armes à un fou » s'est exclamé l'écologiste Cécile Duflot, jeudi 24 février sur Rue89. La députée européenne rappelait qu'en 2006, la ministre de la Défense de l'époque, Michèle Alliot-Marie, signait un accord de remise à niveau d'une douzaine de vieux Mirages français, ces avions même qui ont failli bombardé la contestation civile en Libye ces derniers jours. On a, ici et ailleurs, largement protesté contre l'accord nucléaire signé en juillet 2007 après la libération des infirmières bulgares. La diplomatie atomique du Monarque élyséen promettait à la Libye une centrale nucléaire prétendument civile pour la désalinisation de l'eau de mer. Jeudi, Alain Juppé sur France Inter expliquait que la France n'était pas responsable de l'usage criminel des armements qu'elle a vendu au colonel Kadhafi. Quelle belle esquive ! De 2007 à 2009, 316 millions d'euros d'armements ont été vendus au dictateur fou. Et quelques deux milliards d'euros complémentaires étaient encore en négociation ces derniers mois. 

Jeudi matin, MAM s'est précipitée à l'Elysée pour un entretien secret. En voyage au Brésil depuis lundi, elle avait été remplacée au pied levée par Christine Lagarde pour la première visite française officielle dans la Tunisie libérée. Sur place, l'ambassadeur Boris Boillon tentait de faire oublier ses dérapages publics de la semaine dernière. Le garçon parle peut être arabe mais est complètement narcissique et immature. Cela ne vous rappelle rien ? En France, le compagnon-ministre de MAM, Patrick Ollier, dénonçait les salissures du web à son encontre : « Pensez-vous que l'on puisse passer à travers ces attaques ? Il faut lire les '.fr'. Ils vont chercher leurs informations dans les caniveaux. Nous sommes salis en permanence.» 

En sus de l'attaque anonyme de diplomates français contre l'amateurisme présidentiel en matière internationale, un ancien patron de la DGSE a lui aussi porté le fer dans une tribune publiée mardi par Libération, au titre évocateur « les fiascos du renseignement français ». Le constat de Claude Zilberzhan, directeur de la DGSE entre 1989 et 1993, est tout aussi sans appel : « une conduite de la France en aveugle en Tunisie et en Egypte, huit otages éparpillés quelque part entre le Moyen-Orient et l’Afrique, quatre otages morts en trois tentatives de récupération en Somalie, en Mauritanie et au Niger. Un bilan exécrable doit donc être dressé à la charge du couple services spéciaux et services de renseignement-pouvoir politique, et une question doit être posée : est-ce l’outil ou est-ce son usage qui est en cause ? »

La petite actualité sarko-française
Jeudi, la presse politique s'enthousiasmait pour la rencontre tant attendue entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy. Elle a bien eu lieu... et c'est tout. L'ancien premier ministre avait annoncé son départ de l'UMP quelques jours avant. A l'Elysée, le dialogue fut « direct, franc, républicain ». On est bien avancé. Ils n'ont pas parlé de « politique partisane. »

Nicolas Sarkozy est parvenu à cornaquer les ambitions contestataires de Villepin. C'est bien là son unique succès politique depuis des lustres : débauchage par vague de villepinistes/chiraquiens, réconciliation avec Chirac l'été dernier en lui négociant le retrait rémunéré de la Mairie de Paris dans son procès qui débute le 7 mars prochain, appel dans le procès Clearstream pour déstabiliser Villepin, et entremise discrète avec un intermédiaire commun, Alexandre Djourhi. On regretterait presque que Nicolas Sarkozy n'ait pas déployé la même ingéniosité protéiforme pour la conduite des affaires du pays... 

Les petits privilèges de Sarkofrance ont la vie dure. France Soir révélait ce jeudi que François Fillon préfère les Falcon 900 de la République pour se rendre chaque weekend chez lui dans la Sarthe, à 1h20 de Paris... Coût : 27.000 euros. Rien que ça !

Jeudi soir, les dernières statistiques du chômage, en janvier, étaient publiés. Impatient, Xavier Bertrand, ministre du Travail, avait grillé l'annonce la veille en promettant une baisse «importante » du chômage sur TF1. Le chômage allait baisser... enfin. Effectivement, il fit affiché en baisse300 chômeurs de moins, sur les catégories A, B et C, en un mois. Trois cents sur ... 4,3 millions ! Quelle victoire !  Fin janvier, quelques 4.303.700 personnes inscrites à Pôle emploi restaient tenues de faire « des actes positifs de recherche d’emploi ». Mieux, en seule métropole, le nombre de radiations et de cessations d'inscriptions pour défaut d'actualisation ont augmenté de ... 13.000 sur le seul mois de janvier. On applaudit !

Publié dans Politique

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