QUAND SARKOZY CHASSE LE GASPI

Publié le par DA Estérel 83

CharenteLibre-copie-1 30 juin 2010    Jacques GUYON | j.guyon@charentelibre.fr

 

Nicolas Sarkozy s'érigeant en Père la Vertu et qui enfile le costume de bure pour prêcher la frugalité à son gouvernement: on est bien obligé de constater qu'on n'attendait pas le Président dans ce rôle-là... Il faut vraiment que la situation soit grave, que le moral des Français soit au plus bas et leur exaspération au plus haut, pour que l'Elysée reprenne son credo de campagne sur la «République irréprochable».

Un credo que la soirée au Fouquet's, une croisière sur le yacht de son ami Bolloré et quelques multiples excentricités du même tonneau avaient précipité depuis bien longtemps déjà dans la galerie des promesses oubliées. Il faut dire qu'en ces temps où les Français voient se profiler des lendemains qui déchantent et où le serrage de ceinture et l'explosion du chômage ont d'ores et déjà remplacé les engagements de celui qui promettait le gagner plus à ceux qui travaillaient plus, une reprise en main devenait indispensable. Et ceci d'autant plus que la cascade de petits scandales qui secouent ce gouvernement n'a cessé d'alimenter les gazettes et les conversations.

D'abord un Joyandet qui se fait payer un vol privé à plus de 100.000 euros et qui récidive en cherchant un passe-droit sur un permis de construire.

Ensuite un Christian Estrosi qui ne sait plus où il habite entre ses deux logements de fonction.

Puis un Christian Blanc qui fume le havane aux frais du contribuable: 12.000 euros qui partent en fumée en dix mois...

Et pour couronner le tout un Christian Woerth qui se retrouve accusé de mélanger ses casquettes de ministre, de trésorier de l'UMP et d'époux d'une gestionnaire conseillère d'une milliardaire tête en l'air au point d'oublier de déclarer son île au fisc. Voilà qui fait beaucoup. Et jure singulièrement avec la «République irréprochable»...

On ne peut évidemment que se réjouir de voir Nicolas Sarkozy se préoccuper du train de vie de ses ministres. Sans doute serait-il mieux entendu par ceux-ci (Christine Lagarde a montré hier une certaine humeur en faisant remarquer que ses conseillers «travaillaient, eux, comme des chiens»...) si lui-même montrait l'exemple. En réduisant par exemple son salaire qu'il avait augmenté de 170 % en arrivant à l'Elysée comme l'a fait remarquer Marine Le Pen.

Ou, comme l'a souligné perfidement Dominique de Villepin, en renonçant au futur Airbus A330 spécialement aménagé afin de tenir la dragée haute au Air Force One d'Obama...

Mais le plus inquiétant dans cette nouvelle opération de communication c'est ce qu'elle annonce. N'en doutons pas: cette «exemplarité» affichée et revendiquée par la «France d'en haut» n'est rien d'autre que le signe annonciateur des sacrifices autrement douloureux qu'on va réclamer demain à... «la France d'en bas».

 

Publié dans Politique

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