«Le PS ? J'ai peur qu'il laisse la retraite à 62 ans»

Publié le par DA Estérel 83

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Elarif Youness 29/10/2010

Jeudi 28 octobre, place de la République à Paris, au milieu des manifestants. Question: et au fait, le PS? S'est-il fait assez entendre dans le débat sur les retraites? Vous a-t-il convaincu? Le résultat n'est pas fameux pour le parti de Martine Aubry...

Près d'un fourgon CGT, le chauffeur, bougon, refuse de donner son nom mais accepte de répondre.«Les dirigeants du PS ne savent pas ce qu'ils veulent. Résultat, le peuple se soulève seul. Le PS est lunatique pour moi, on entend différents sons de cloche. En plus 2012 approche...»Non loin, un étudiant de l'Unef opine du chef:«Au PS, je les trouve plutôt calmes. Ils ne prennent pas de position majeure sans doute en vue des prochaines élections. Pourtant ils seraient les seuls à pouvoir forcer le passage.»Une jeune femme à ses côtés se mêle à la conversation et ajoute:«Ce qui fait peur, ce sont les prochaines élections. Pour le PS, ce devrait être le moment d'entreprendre, de s'investir, enfin de bien faire les choses.»

Sous la statue de la République, un homme mange un sandwich:«Je ne vois pas l'influence du PS dans le mouvement. Ce conflit social est une réaction spontanée contre Sarkozy. Franchement, je ne sais pas à quoi joue le PS. Quand je vois que Strauss-Kahn va se présenter, ça me fait peur...», assure-t-il. Le directeur du Fonds monétaire international (FMI) cristallise les inquiétudes de plusieurs manifestants. Un homme prenant en photo des jeunes tenant des fumigènes à la main égratigne à son tour DSK:«Quand on voit qu'il vient de nommer à la direction Europe du FMI un ancien de Goldman Sachs, on sait pertinemment que c'est quelqu'un qui sera à la solde du pouvoir financier. Je ne comprends pas que le PS n'en tire aucune conclusion. Ils sont dans la perspective de 2012, et n'ont pas de véritables convictions.»

Cette inquiétude que suscite le PS profite aux partis plus à gauche. Dans le cortège parisien, Jean-Luc Mélenchon, le leader du Parti de gauche, fait recette.«Tiens bon! Change pas!», lui crie un cégétiste. Dominique, syndiquée CGT, tient une pancarte sur laquelle est inscrit :«La police compte la retraite à 67 ans. Les manifestants à 60».

Electrice historique du PS, elle a choisi Mélenchon.«Je me radicalise,dit-elle. Au PS, je trouve qu'ils ne sont pas assez vindicatifs, ils ont beaucoup déçu. Et face au gouvernement, ils ne pèsent rien...»Devant un camion sono de l'Unef où une étudiante s'époumone, une manifestante (elle aussi tient à rester anonyme) l'admet: elle n'a pas retenu une seule ligne du programme du parti socialiste sur les retraites.«Je n'ai pas écouté à vrai dire, car je ne les ai pas sentis revendicatifs. On sent qu'ils ne sont pas tous d'accord, et j'ai peur qu'ils laissent la retraite à 62 ans. C'est ça qui me fait le plus peur et qui me gêne. J'ai l'impression que le PS a un peu raté le coche, alors que c'était le moment de lancer toutes les idées.» Militante écologiste, Catherine regrette l'attitude du parti socialiste: «Je crains que le PS ne soit que dans des logiques électorales, à courtes vues.»

Si beaucoup des personnes interrogées se montrent critiques, quelques-unes gardent espoir dans les socialistes en cas d'alternance. «Ils sont là, ça faisait longtemps,se réjouit un manifestant. On va voir ce qu'ils vont dire maintenant, si leur engagement n'était que de façade. Ils ont quand même fini par comprendre qu'il fallait réagir, être une vraie alternative à ce gouvernement. Ils ont saisi le Conseil constitutionnel, ça fait gagner un peu de temps.»

Sur une affiche du NPA d'Olivier Besancenot représentant un billet de 500 euros à l'effigie de Nicolas Sarkozy et Eric Woerth, une vieille dame en imperméable kaki inscrit au feutre rouge «2012 Vengeance! Vengeance!» :«Le PS, j'en suis satisfaite, même s'il y a peu d'élus ou de militants qui descendent dans la rue. Mais les représentants du PS, j'en suis contente. J'avais écris à Martine Aubry l'année dernière pour lui dire que plein de Français se tuent au travail, ce qui n'est sans doute pas son cas. Je crois que ça l'a fait réfléchir.»

 


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