Gouvernement : quelle place pour la santé ?

Publié le par DA Estérel 83

Marianne

 

 

Sans surprise, Marisol Touraine a été nommée ministre des Affaires sociales et de la santé. La députée d’Indre-et-Loire sera épaulée par trois ministres déléguées à la famille, aux personnes âgées et aux personnes handicapées. Mais personne pour la santé. Bon ou mauvais signe?

(Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé - DURAND FLORENCE/SIPA)
(Marisol Touraine, ministre des Affaires sociales et de la santé - DURAND FLORENCE/SIPA)
Sa première visite en tant que ministre, Marisol Touraine l’a réservée à l’hôpital public. Un message adressé au monde médical : le dossier santé, c’est elle qui le gère. En direct. 

La nouvelle ministre des Affaires sociales et de la santé s’est entourée de trois ministres déléguées : Dominique Bertinotti chargée de la Famille, Michèle Delaunay chargée de la Dépendance et Marie-Arlette Carlotti chargée du Handicap. Personne, en revanche, n’a hérité d’un portefeuille uniquement dédié à la santé. « Nous sommes plutôt contents que la santé ne soit pas réduite à un secrétariat d’Etat », note Nicole Smolski, présidente du syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes réanimateurs élargi (SNPHAR-E). « C’est très bien que la ministre Marisol Touraine soit en charge de ce dossier. » 

L’expérience précédente d’un ministre, Xavier Bertrand, secondé par une secrétaire d’Etat, Nora Berra, quasiment inexistante, n’a pas laissé un souvenir impérissable à la communauté des soignants, voyant d'un œil positif la configuration actuelle. « Le fait que la santé ne soit confiée à aucun ministre délégué montre que le sujet sera directement gérée par la ministre », note Claude Leicher, président du syndicat de médecins généralistes MG-France. Et en la matière, la ministre a du pain sur la planche !

RENOUER LE DIALOGUE SOCIAL

Les attentes des hospitaliers, des médecins de ville, des patients sont importantes. En campagne, François Hollande n’avait que timidement abordé les problématiques sanitaires, affichant sa volonté de mettre fin aux déserts médicaux et d’endiguer l’explosion des dépassements d’honoraires. Le candidat socialiste avait également affirmé qu’il considèrerait l’hôpital public comme un service public et non une entreprise, taclant au passage la politique menée par Nicolas Sarkozy en la matière. 

Autant d’annonces auxquelles veilleront les organisations syndicales. « Il y a eu des engagements de la part du candidat Hollande, nous y seront attentifs », indique Bruno Devergie, président du syndicat des praticiens des hôpitaux publics (SPHP ). S’il ne demande pas une suppression de la loi Hôpital, Patients, Santé, Territoires (HPST, votée en 2009 et très controversée), le syndicaliste attend de ce gouvernement qu’il abandonne la convergence tarifaire entre les établissements publics et les établissements privés, qu’il redonne  aux hôpitaux publics leurs missions de service public et qu’il redéfinisse la place du praticien dans l’hôpital et le rôle de la Commission médicale d’établissement, mis à mal par la doctrine d’ « hôpital-entreprise » appliquée ces dernières années. Dans une lettre adressée à la nouvelle ministre, le SNPHAR-E liste « les quelques dossiers laissés en jachère » par Xavier Bertrand : les RTT hospitalières, la loi sur les retraites des praticiens, l’attractivité des carrières, le temps de travail… Mais plus que tout, l’organisation attend un vrai dialogue social, « que nous n’avons pas eu depuis cinq ans », souligne Nicole Smolski. Un dialogue aussi très attendu par Christian Saout, président du Collectif interassociatif sur la santé (CISS ). « Il faut du dialogue, de la concertation et qu'on résolve les deux épines dans le pieds que sont les dépassements d'honoraires et les déserts médicaux », plaide le représentant des patients, appelant à une grande consultation de tous les acteurs de la santé. 


SÉCURISER LES RECETTES DE LA SECURITÉ SOCIALE

Le président de MG-France, Claude Leicher, espère que l’accent sera mis sur la médecine de premier recours. « L’accès aux soins (leitmotiv de François Hollande en matière de santé lors de sa campagne, nldr) nécessite de conforter la place du médecin de premier recours », note le syndicaliste, qui a déjà quelques propositions en tête. « Libérer du temps médical, notamment en permettant l’embauche d’une secrétaire, mutualiser les ressources, attirer les jeunes médecins et faciliter leur installation »« Quelle place va être accordée à la santé et à la médecine libérale ? », s’interroge Michel Chassang, président de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF). « Va-t-on continuer à accorder à la médecine libérale des budgets ric-rac qui ne nous permettent pas d’avancer, voire nous font régresser ? Les soins ambulatoires seront-ils la variable d’ajustement ? » 

Les organisations syndicales doivent rencontrer leur nouvelle ministre de tutelle prochainement. Marisol Touraine, 53 ans, est en charge des dossiers sociaux et sanitaires depuis une quinzaine d’années. Secrétaire nationale en charge de la santé et de la protection sociale au PS depuis 1997, elle s’est illustrée par la maîtrise des dossiers dont elle a la charge. Vendredi, sur France 2, la ministre a quelque peu précisé son agenda en matière de santé. Si sa priorité reste les retraites, elle a néanmoins indiqué que le gouvernement souhaitait rapidement « sécuriser les recettes de la Securité sociale. » Des textes de loi pourraient être discutés une fois que le Parlement sera à nouveau réuni. Parmi les sujets abordés : le coût du médicament, les tarifs médicaux et les dépassements d'honoraires.

Publié dans Santé

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