De l'insolence à l'Excellence...

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010  Dominique Garraud   23 décembre 2010

 

 

A la mi-décembre, lors d'une réunion «opérationnelle» de l'UMP à l'Élysée, Nicolas Sarkozy avait suscité, selon Le Figaro, un silence consterné lorsqu'il avait avancé le nom de Rama Yade pour prendre la fonction d'ambassadeur de France à l'Unesco. Le placide François Fillon se serait même finalement lâché via une question assassine:«Comment pourra t-elle assumer cette fonction en passant sa vie sur le plateau du Grand Journal de Canal+ ?».


Rama Yade ne compte pas que des amis dans une majorité présidentielle lassée de ses foucades à répétition. Loin de là. Mais comme le confie l'intéressée, Nicolas Sarkozy est toujours «gentil» avec elle. Et il a été très «gentil» en lui proposant «une fonction merveilleuse» qui lui «irait comme un gant», alors qu'entre-temps, elle avait trouvé «un job grâce à des relations». Et d'ajouter aux anges: «C'est un beau cadeau. Je n'aurais pas pu espérer mieux. Ambassadeur à l'Unesco à 34 ans, c'est énorme !».


Jean-François Copé, le nouveau patron de l'UMP qui la trouvait décidément «nulle»après son ralliement récent au Parti radical de Jean-Louis Borloo va devoir lui donner de «Son Excellente madame l'ambassadrice !».

 

Énorme et difficile à digérer, pas seulement pour les ennemis de Rama Yade. Il est certes inscrit dans les usages déplorables de la Ve République que les «ex» soient récompensés pour services rendus. L'ambassadrice actuelle à l'Unesco, Catherine Colonna fut la porte-parole de la Présidence de la République sous Jacques Chirac. Quant au poste, il relève bien plus du placard doré que de l'ambassade trépidante.


Ce qui est véritablement énorme est de voir avec quelle impudence se perpétuent le fait du Prince et la méritocratie de cour. Certains objecteront que Rama Yade s'est toujours montrée rétive, hésitant rarement à manifester ses désaccords sur des questions touchant notamment aux droits de l'homme. Jusqu'à un certain point qui la conduit à se taire à propos de la Chine...

 


Poil à gratter de la majorité, cliente idéale du tam-tam politico-médiatique, Rama Yade connaît les limites à ne pas franchir. Elle le dit elle-même en reconnaissant qu'elle était en train «d'épuiser (son) stock» de vacheries et de caprices. Pour rester fidèle à sa réputation exagérée d'indépendance farouche, Rama Yade aurait pu refuser une «Excellence» pour le moins prématurée et cadrant mal avec son devoir d'insolence.


Mais cela est sans doute trop demander dans un univers politique où l'ambition et l'absence d'états d'âme restent, encore plus que des valeurs républicaines brandies en étendard, les plus sûrs des viatiques.

Publié dans Gouvernement

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