Communication : les méthodes contestables de François Hollande

Publié le par DA Estérel 83

  Arielle Haro

> Par Arielle Haro Etudiante en Droit de gauche

 

 

La stratégie de François Hollande passe par l’utilisation de méthodes hautement contestables pour promouvoir l’image du candidat des médias.

 

Une série de tweets  identiques promouvant une phrase prononcée par François Hollande, tous envoyés à 20h47 ce mercredi 28 septembre, juste après le deuxième débat des primaires citoyennes… étrange. Cela n’a pas échappé à Vincent Glad, journaliste à Slate.fr, qui a décortiqué ce phénomène mystérieux qui a propulsé en quelques minutes le mot-clé « fhollande » parmi les sujets les plus abordés du moment sur Twitter, grâce à la diffusion massive de cette phrase qui a sans nul doute bouleversé nombre de cœurs durant cette soirée : « Au lendemain des primaires, il faudra rassembler les socialistes, rassembler la gauche, et rassembler les Français ». Il s’avère en fait que, loin de susciter l’élan des cœurs de millions de personnes par son charisme, sa compétence et son humour, François Hollande a réussi cet exploit grâce à une fonctionnalité subtile de son site de campagne toushollande.fr.

 

Cette fonctionnalité permet en effet à l’équipe de campagne de François Hollande de prendre le contrôle des comptes Twitter de ceux qui se sont inscrits sur le site, et de poster des tweets à leur place, afin d’amplifier artificiellement la portée des propos du candidat. Le responsable du site, Romain Pigenel, assume totalement ce qui n’est qu’une forme de manipulation numérique, comme en témoigne sa réaction sur Twitter  à l’article de Vincent Glad : « Ben oui @FHollande fait dans l’efficacité :-) ». Efficacité, c’est le mot : la méthode utilisée permet à François Hollande de s’imposer, grâce à ces robots, dans les médias, alors même que le tweet en question n’est qu’une phrase creuse du genre de celles que prononcent les candidats des centaines de fois durant la campagne.

 

Dès l’arrivée sur le site, l’utilisateur se voit demander s’il a un compte Twitter, avant de passer directement à l’inscription à la fonctionnalité proprement dite. On voit bien ici que l’objectif est de forcer la main de l’utilisateur pour qu’il apporte sa contribution, alors même que cela va à l’encontre de la base du militantisme et des valeurs démocratiques.

 

Il est également intéressant de noter que, d’une part, les « conditions d’utilisation Twitter de toushollande.fr », que l’utilisateur doit accepter avant de pouvoir s’inscrire, ne sont consultables qu’une fois qu’elles ont été acceptées (la logique ? on la cherche encore…) ; et que, d’autre part, si l’utilisateur voulait se désinscrire, le site toushollande.fr ne lui en donne pas la possibilité : il lui faut alors passer par les réglages avancés de Twitter, que tous ne maîtrisent pas.

 

On peut s’étonner, au-delà de ces méthodes pour le moins intrusives, du fait que la communication de François Hollande se base sur des tweets de ce type, et non sur de véritables arguments de fond, comme a choisi de le faire, par exemple, Martine Aubry, à travers des tweets qui concernent des sujets qui feront la différence lors de la campagne. Le 22 septembre, Martine Aubry a ainsi présenté son projet de loi pour l’égalité salariale . François Hollande, quant à lui, refuse le débat en prétendant se placer au-dessus des autres candidats, comme s’il avait déjà remporté non seulement la primaire mais aussi l’élection présidentielle.   Mais bon « il y a de bonnes idées »…

 

Le pire, ici, est que cette méthode nous vient directement des Jeunes Populaires, avec leur service « Twitpop  », qui revenait en fait à créer une armée de « moutons 2.0 » selon les termes de Diego San, du Nouvel Observateur.  Au lieu de chercher à utiliser Twitter comme un outil d’échange d’idées et de communication militante, François Hollande en fait une sorte de travail de communication à marche forcée, lui retirant toute la dimension inclusive qui fait la force de cet espace de débat sans limites. L’emploi de cette technique de manipulation vient s’ajouter à l’utilisation d’une photo issue d’un meeting de Nicolas Sarkozy pour décorer le site des Jeunes avec Hollande, lapsus numérique intéressant qui en dit long sur la stratégie de campagne du candidat.

 

On assiste, ces dernières semaines, à une crispation des hollandistes qui sentent leur base électorale fragile. Et pour cause, celle-ci se fonde majoritairement sur des effets d’annonce et des artifices de communication. L’emploi de cette technique est une nouvelle preuve, s’il en fallait une, du vide intellectuel que cache la façade de la campagne de François Hollande, dont l’ascension trouve bien plus son origine dans le regard bienveillant de la majorité des médias français, plutôt que dans un programme clair, fort et assumé.

 

La campagne de François Hollande dérive complètement vers une démagogie dommageable à la Gauche, comme en témoigne l’ambiguïté du candidat sur de nombreux points du projet socialiste, qu’il n’a de cesse de remettre en question, offrant au passage des concessions inacceptables à la droite : rejet des 35 heures lors du deuxième débat, statu quo concernant la légalisation du cannabis…  

 

On ne peut que regretter le trop-plein d’ambition d’un homme qui, jusqu’à récemment, faisait partie des meilleurs atouts de la gauche dans la perspective de l’alternance, et qui sombre progressivement dans les travers qui sont ceux de Nicolas Sarkozy, c’est-à-dire le reniement politique érigé en principe dans le seul but de conquérir le pouvoir. 


Publié dans Billet

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