Christiane Taubira : «Il était urgent de rétablir la sérénité au parquet de Nanterre»

Publié le par DA Estérel 83

Libération

 

La ministre de la Justice veut rompre avec le tout répressif des années Sarkozy et revient sur l’affaire Courroye.

Christiane Taubira, nouvelle garde des Sceaux, à Paris le 17 mai 2012, lors de la passation de pouvoir des ministères.

 

Affaire Courroye, indépendance de la justice, surpopulation pénale, réforme du Conseil supérieur de la magistrature (CSM)  : la ministre de la Justice, Christine Taubira, développe pour Libération les sujets chauds qui l’attendent à la rentrée.

Le CSM ne s’est pas opposé, mardi dernier, à la mutation du procureur Courroye, et un décret l’a nommé, vendredi, avocat général à Paris. Qu’est ce qui motive votre décision ?

Le CSM ne s’est pas contenté de ne pas s’y opposer, il l’a validé. Bon, soyons très clair, le parquet de Nanterre, ce n’est pas moi qui fait l’actu dessus. Cela fait combien de temps que ça dure le cirque ? Moi, j’ai un dossier de presse épais comme ça, rien que sur le parquet de Nanterre. Le troisième parquet de France, ce n’est pas rien. Il est sous les feux de l’actualité depuis un temps considérable et cela finit par perturber son activité judiciaire. Je suis garde des Sceaux depuis le 17 mai. Je suis saisi par le CHSCT (Comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail), qui me demande une inspection générale sur ce parquet où trop d’encre a coulé. Il était urgent de rétablir la sérénité. M. Courroye est exposé ou en cours de trois mises en examen.

Est-ce tolérable ?

Je n’aurais pas pris de décision si je trouvais l’affaire banale. La décision aurait même dû être prise depuis longtemps. Le SM, l’USM [deux syndicats de magistrats, ndlr] avaient déjà demandé des inspections, certains allant jusqu’à demander la tête de Courroye. J’ai interrogé les chefs de TGI ; ensuite, j’ai interrogé les chefs de cours. J’ai un PV de réunion du CHSCT du TGI expliquant que le suicide d’un substitut est lié à l’ambiance délétère qui règne au parquet. J’envoie donc, dans l’idée d’une contre-expertise, l’équivalent du CHSCT de la chancellerie, et je demande un rapport pour le 4 juillet. Sur la base de l’ensemble des éléments que j’avais à ma disposition depuis mon arrivée, je suis garde des Sceaux, je prends mes responsabilités. Point. Je sais que la situation est délicate et qu’on ne pourra pas empêcher ceux de penser ce qu’ils pensent. Mais, je ne règle pas le problème de M.Courroye, je règle celui du parquet.

En 2010, vous critiquiez le discours de Grenoble de Sarkozy. Aujourd’hui, Manuel Valls annonce un démantèlement des camps de Roms. Où est la différence  ?

C’est une question pour Manuel Valls ? Allez place Beauvau. Là, on est place Vendôme [sourire].

 

 

Interview  intégrale sur www.liberation.fr (article payant)

Publié dans Justice

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