LE NOUVEAU TEST DE LA RUE

Publié le par DA Estérel 83

CharenteLibre Jacques GUYON 23/09/2010

Quoiqu'en ait dit Nicolas Sarkozy lors de son interview télévisée de la mi-juillet, évoquant sa «détermination sans faille» à mener à bien sa réforme des retraites, l'ampleur des grèves et des manifestations qui connaîtront un nouvel épisode aujourd'hui va être observée avec beaucoup d'attention à l'Elysée. A deux semaines de l'examen du texte par le Sénat, les syndicats savent qu'ils sont condamnés à faire mieux que le 1,2 million de manifestants comptés par le ministère de l'Intérieur ou les plus de 2,7 millions selon la CGT qu'ils avaient réussi à faire descendre dans la rue le 7 septembre dernier.

 

Hier, tous les leaders syndicaux ont fait un dernier tour de chauffe médiatique pour appeler leurs troupes à être plus nombreuses encore dans les rues. Peuvent-ils réussir leur pari ? La répétition des journées d'action - avec les conséquences financières que cela entraîne pour des salariés dont le moins qu'on puisse dire est que leur pouvoir d'achat ne s'est pas envolé ces trois dernières années - peut jouer négativement. Plus inquiétant pour eux est le sentiment confus mais prégnant qui est en train de se répandre selon lequel les dés seraient jetés. Malgré le baroud de l'opposition à l'Assemblée, la réforme a été votée en première lecture. Même si celle-ci est douloureuse, certains sondages récents montrent qu'une majorité de Français l'estiment désormais inéluctable. Ils n'attendent guère que des améliorations à la marge sur la pénibilité ou une amélioration des conditions de la retraite des femmes.

 

Syndicats et partis de gauche ont bien senti monter ce sentiment et mesuré le danger qu'un tel fatalisme ne gagne. Ainsi Bernard Thibault pour la CGT ou François Chérèque pour la CFDT vont-ils répétant que «rien n'est joué», que le gouvernement doit «revoir sa copie de fond en comble». Le PS, de son côté, a compris les dangers - à commencer par celui de la démobilisation... - qu'il y avait à promettre un retour de la retraite à 60 ans en 2012. Hier, Martine Aubry est montée d'une octave assurant que le combat se menait aujourd'hui. «Nous ne nous laisserons pas faire, nous serons là jusqu'au bout» a-t-elle lancé évoquant l'exemple du CPE qui avait été renvoyé aux oubliettes alors même que l'Assemblée et le Sénat l'avaient voté.

 

Le gouvernement ne peut ignorer les risques que cette journée de manifestations ne serve à cristalliser, bien au-delà de la réforme des retraites, les nombreux mécontentements qui montent en France. Et pas simplement de la part de l'opposition. Pas seulement parce que la crise est passée par là. Pas uniquement parce que la politique menée par l'Élysée manque de visibilité. Mais plus encore parce que Nicolas Sarkozy, au bout de trois ans de règne, ne semble toujours pas être entré dans les habits du Président.

Publié dans Nation

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