Hollande en vert: chercher le loup

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

Cécile Duflot, ministre du Logement, hier encore grande prêtresse d'Europe Écologie - les Verts, en a presque pleuré d'émotion: «Je pèse mes mots: ce discours du président de la République est historique et infiniment émouvant à entendre pour une écologiste». Qu'a bien pu dire François Hollande pour la mettre dans cet état d'extase? En ouvrant la conférence environnementale hier matin à Paris, il a simplement enfilé l'habit vert de sa campagne électorale qu'il semblait avoir remisé au placard.

François Hollande a tenu un discours certes tranchant, mais juste fidèle à ses engagements, le musclant de précieuses précisions. Il persiste à réduire l'énergie nucléaire de 75% à 50% à l'horizon 2025, apportant un gage clair: la fermeture de la centrale de Fessenheim fin 2016. Il confirme la mise en oeuvre d'un plan d'isolation thermique d'un million de logements par an. Cerise sur le gâteau, il a annoncé qu'il n'y aurait pas sous son mandat la moindre autorisation d'exploitation de gaz de schiste. Il a ainsi coupé l'herbe sous le pied à une dizaine d'associations environnementales qui, dans une tribune publiée hier, lui faisaient le procès d'intention d'avoir changé d'avis sur ce point.

François Hollande a donc donné tort à ses détracteurs. Il sait être ferme. Son propos, volontariste, n'était pas flou. Pour autant, pas sûr qu'il n'y ait pas un loup... lâché dans la meute écologiste. Mendésiste dimanche dernier dans son intervention sur l'emploi et la dette, François Hollande était hier dans le registre mitterrandien. Il aura besoin des voix vertes quand le traité budgétaire européen viendra en débat au Parlement en octobre. Ceux-ci ne pourront pas toujours prendre ce qui leur convient - des places réservées à l'Assemblée et au Sénat, des orientations en faveur de l'écologie - et rejeter ce qui ne leur convient pas complètement, si on veut bien admettre que tout n'est pas à jeter dans le traité européen. Quand on sait la propension des écolos à s'écharper, ils courent le risque permanent du schisme qui les affaiblirait. Personne n'en pleurerait au PS, surtout à dix-huit mois des municipales.

Hier, François Hollande aura fait coup double. Il a planté un drapeau dans le camp vert et mieux encore, affiché une présence résolue sur la scène intérieure après un été en demi-teinte. C'est certes à la fin de la foire qu'on compte les bouses, en l'occurrence en 2017, mais Hollande a de vrais atouts en main pour faire de la transition écologique un levier pour l'activité économique. Il peut notamment compter sur les régions pour enclencher le plan d'isolation thermique, partant du principe que la meilleure économie d'énergie est celle que l'on ne dépense pas.

En ouvrant la conférence environnementale hier matin à Paris, François Hollande a simplement enfilé l'habit vert de sa campagne électorale qu'il semblait avoir remisé au placard.

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