France 2 : les « petits candidats » cassent le ronron de la présidentielle

Publié le par DA Estérel 83

Marianne2-2012

 

 

Ce mercredi soir, France2 a organisé le premier «débat» entre les candidats à l'élection présidentielle. A 10 jours du premier tour, Nicolas Dupont-Aignan, Eva Joly, Marine Le Pen, François Hollande et Philippe Poutou se sont succédés face aux intervieweurs sélectionnés par la chaîne. Sans jamais se croiser. Promise à un ennui certain, cette émission s'est révélée surprenante, notamment grâce aux « petits candidats ».

(Les candidats à la présidentielle - AP/SIPA)
(Les candidats à la présidentielle - AP/SIPA)
Et si, finalement, cette élection présidentielle, que l'on dit « ennuyeuse », avait tout simplement manqué de « petits candidats »? On a beaucoup glosé ces derniers jours sur la difficulté pour les télévisions et les radios de respecter l'égalité de temps de paroles entre les différents candidats. Sur le manque d'intérêt d'entendre aussi longuement certains d'entre eux. 
 
Pour ce premier « débat » présidentiel, organisé parFrance2 dans le cadre de l'émission «Des paroles et des actes», ces « petits candidats » ont finalement amené un peu de surprise, d'idées différentes et même de fraîcheur dans un format d'émission lénifiant ou les uns succédaient aux autres à la queue leu leu.
 
Quoique l'on pense des idées de Nicolas Dupont-Aignan, de Philippe Poutou et d'Eva Joly, chacun a, à sa façon, donné un peu de cachet à cette parodie de débat. Eva Joly, plus présente dans les médias que les deux autres au quotidien, n'a pas franchement réussi cet examen de passage, souvent bafouillante et mal à l'aise face aux questions des journalistes. Mais combien de fois la question de l'affaire Bettencourt, et des soupçons qui pèsent sur le président-candidat notamment relevés par Marianne ou Médiapart, aura-t-elle été soulevée de façon si claire en prime time sur France2 lors d'un débat politique ? Et le sera-t-elle dans le second débat quand Nicolas Sarkozy sera en plateau ?
 
A l'inverse, combien de fois a-t-on vu un ouvrier défendre avec autant de vigueur, de fraîcheur et de naturel ses convictions sur le plateau d'une chaîne du service public ? Quand Philippe Poutou rappelle à ses contradicteurs que dire « charges sociales » et non pas «cotisations sociales » a un sens, il met le doigt avec vivacité sur la novlangue politico-journalistique. Quand il admet en se marrant que parfois être candidat le « fait chier » et que ce n'est pas une fin en soi, on retrouve aussi un franc-parler loin de toute langue de bois politicienne. Bon nombre de Français ont du avoir plus de facilités à se retrouver dans sa façon spontanée de s'exprimer que dans le concours habituel du « je fais plus sérieux que toi ».
 
Pour Nicolas Dupont-Aignan, ce fut encore autre chose. Celui dont les meetings sont diffusés la nuit par les chaînes d'information qui cherchent à «contourner» la contrainte de l'égalité des temps de parole, a su répondre avec rigueur aux questions des intervieweurs. Il aura sans doute réussi à démontrer en 16 minutes aux téléspectateurs qui ne le connaissaient pas qu'il était bien à sa place comme candidat à la présidentielle. Que l'on soit en accord ou non avec ses idées, force est de constater qu'il a donné une cohérence à son parcours et à son projet face à des intervieweurs toujours plus promptes à le classer dans la case « proche de Marine Le Pen » qu'à l'interroger sur l'alternative qu'il peut, ou pas, représenter.
 
Mais là où ces candidats auront apporté le plus leur patte à ce « débat » présidentiel, c'est en nous démontrant à quel point les émissions traditionnelles sont cadrées, les passes d'armes si chorégraphiées entre grands journalistes et grands candidats, où chacun cherche à ne pas déplaire à l'autre. Et il était parfois drôlement sympathique de voir nos confrères si déconcertés face à ces politiques atypiques. Peut-être devrions-nous nous y frotter plus régulièrement.

Publié dans Medias

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