Au revoir M. le Premier Ministre

Publié le par DA Estérel 83

BlogeursAssociés-copie-1 Philippe BILGER 30/10/2010

 

En politique, on a le droit de saluer les départs et les arrivées sans violer l'obligation de réserve. Je me lance et j'anticipe même si quotidiennement d'aucuns à la hausse un jour se retrouvent le lendemain à la baisse. J'ose modestement prendre date. Dans les prochaines semaines, nous aurons un nouveau Premier ministre qui ne sera vraisemblablement pas Michèle Alliot-Marie, dont la prestation sur France Inter, pour parler avec déférence, n'a été bouleversante sur aucun des points abordés par le pugnace Patrick Cohen et quelques auditeurs.


Je souhaite écrire - parce que cela fait du bien de s'abandonner parfois à des humeurs positives - quelques mots sur le futur ancien Premier ministre. Il me pardonnera ce titre de billet et ma familiarité avec l'emploi de son prénom que j'aime d'autant plus que c'était celui de mon frère disparu au mois de juillet. Un grand frère laissant un grand vide.


Je ne sais comment est né ce désir de parler, tout esprit partisan exclu, de François Fillon. Peut-être pour être cru puisqu'il est encore là, au travail, et qu'on ne m'imputera pas d'être aimable avec lui seulement par convenance, après son éloignement. A cause aussi de la couverture récente de Paris Match, probablement coup fourré contre lui.


J'ai toujours été excessivement sensible aux personnalités. Je n'oublie jamais que ce sont elles qui portent les idées et proposent les projets. Il y a sûrement dans cette personnalisation quelque chose de réactionnaire, non pas une indifférence à l'égard des pensées et des programmes mais le besoin de les relativiser. Il me semble qu'aujourd'hui je m'inscris dans un courant dominant. Ce ne sont plus en effet les discours et les politiques qui rendent légitimes à nos yeux les responsables qui les prononcent et les élaborent mais, au contraire, la personnalité de ceux-ci qui rend légitimes et acceptés ou non les discours et les politiques.


Merci à François Fillon pour l'exigence de vérité qui l'a conduit à plusieurs reprises à secouer notre calme démocratique.


Merci pour son allure, sa tenue, son ton, l'élégance sereine avec laquelle il a tenté d'assumer au mieux sa mission, merci parce qu'il a su, au-delà de la politique, ne pas négliger l'esthétique de sa fonction. Merci pour nous avoir inspiré, au-delà des batailles et des controverses, un sentiment de fierté, l'envie d'une similitude.


Merci pour son couple, son épouse qui parvient à exister sans se montrer en permanence. C'est une grande force qu'un effacement délibéré qui n'occulte pas ce qu'on est. Merci pour sa famille anormalement ordinaire et tranquille. Ni décomposée ni recomposée. Banalement et merveilleusement classique.


Merci pour ses passions qui peuvent être comprises par ses concitoyens. Les voitures de course me laissent indifférent mais j'admire les pilotes. Cela me plaît que sous sa glace il y ait du feu.

Merci pour avoir formé ce couple avec le président. Les partisans comme les adversaires y trouvent leur compte. Les premiers ont leur content d'opposition, au moins de style. Les seconds peuvent élargir leur palette hostile.

Merci pour avoir mis de la douceur et de l'apaisement dans l'exaspération de beaucoup de ses concitoyens. D'avoir atténué des énervements et des déceptions. D'avoir compensé. D'avoir tenu.


Merci pour n'avoir jamais parlé d'argent. Ou alors de celui de l'Etat.


Ce n'est pas de la politique. C'est un peu de reconnaissance et de respect pour un temps qui néglige l'une et l'autre. On ne peut pas jeter en permanence les serviteurs de la République dans le grand bain de la dérision et du mépris et s'étonner, ensuite, de la montée de pulsions et d'instincts qui ne nous font pas honneur.


Au suivant. On verra bien.


Au revoir, François.

Publié dans Billet

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