Une austérité politiquement dosée

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

Serrer encore les boulons, mais à dose réduite par rapport à l'ampleur des problèmes posés par la dette et des perspectives de croissance en berne. Raboter tous azimuts pour conforter la promesse que l'effort demandé aux Français sera équitablement réparti. Et surtout tenter de convaincre les marchés et les agences de notation que la France fera les efforts nécessaires pour rester au plus haut de la solvabilité avec le maintien de son triple A.

Telle est la philosophie générale du plan de réduction des déficits présenté hier par François Fillon. Un plan très technique, chiffré à la louche et duquel n'émerge aucune décision s'écartant radicalement de la feuille de route de Nicolas Sarkozy, défenseur acharné de la non-augmentation d'impôts, en tout cas revendiquée comme telle. Rien de comparable aux plans d'austérité déclenchés en Irlande, en Grèce, au Portugal, en Espagne et Italie, a tenu à souligner François Fillon en évoquant « un ajustement budgétaire » imposé par la crise mondiale.

Une des mesures les plus attendues était « la contribution exceptionnelle » des plus riches de Français que 16 d'entre eux avaient même appelée de leurs voeux dans une tribune publique. Au total beaucoup de bruit pour rien ou presque avec une taxation temporaire supplémentaire de 3 % des revenus excédant 500.000 euros, soit 200 millions d'euros qui reviendront annuellement dans les caisses de l'État après une réforme de l'impôt sur la fortune qui le privera de 1,8 milliard d'euros de recettes.

Alors que le président de la commission des finances du Sénat, le centriste Jean Arthuis, et celui des affaires sociales de l'Assemblée l'UMP Pierre Méhaignerie préconisaient la création d'une nouvelle tranche marginale de l'impôt à 46 % (contre 41 %) pour les revenus supérieurs à 100.000 euros qui rapporterait au moins 1 milliard par an. En refusant de briser le tabou d'une augmentation durable des impôts de patrons du CAC 40 dont les revenus ne cessent d'augmenter (+24% en moyenne en 2010) Nicolas Sarkozy risque fort de garder l'image du « président des riches » aux petits soins pour ses amis du Fouquet's.

Mais le plus grave est que les onze milliards d'économie ne sont qu'un avant-goût d'une nouvelle cure d'austérité bien plus drastique si la France veut tenir ses engagements européens de réduction des déficits. Compte tenu du manque à gagner par la révision à la baisse de la croissance du PIB, les déficits se creuseront forcément au rythme de 1 milliard d'euros pour 0,1 point en dessous des prévisions. Les 1,75 % prévus de croissance prévus pour cette année et 2012 sont jugées exagérément optimistes par l'ensemble des économistes. Qui estiment à 30 milliards d'euros les économies nécessaires d'ici fin 2012 pour respecter le plan de route français de réduction des déficits.

Publié dans Politique

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