Soldes des militaires : pourquoi ça coince ?

Publié le par DA Estérel 83

Secret-Défense

 

 

 

Depuis le mois d'octobre, les 130.000 militaires de l'armée de terre s'interrogent : recevront-ils leurs soldes et si oui, à quel date ? Accusé : le nouveau système Louvois mis en place par la DRHAT, la direction des ressources humaines de l'armée de terre pour le paiement des soldes.

 

Ces"turbulences" et ces "difficultés", selon les mots de Jacques Roudière, DRH pour l'ensemble du ministère de la défense, qui reconnait qu'on "a été un peu dans la tempête", ont concerné plusieurs milliers de militaires, mais les choses semblent rentrer progressivement dans l'ordre. Avec retard (1), essayons de comprendre la situation. 

 
1) Pourquoi changer le système ? 
Depuis des décennies, le versement des soldes (avec les primes et indemnités diverses) reposait sur deux organismes : les DRH de chaque armée en fixaient le montant pour chaque militaire et un organisme du Commissariat les versait. Pour l'armée de terre, il s'agissait des divers Centres de traitement adminsitratif du commissariat (CTAC).

Ce système vit ses derniers jours : ce sont desormais les DRH qui sont entièrement responsables de la solde, de son calcul à son versement. Chaque armée a son système pour calculer la solde (Concerto pour l'armée de terre) et Louvois - installé physiquement à Nancy - verse les soldes pour tous les militaires.

Le service de santé des armées (SSA) a basculé au printemps 2011 et c'était au tour de l'armée de terre à l'automne. Un basculement d'une autre dimension puisque le SSA compte 10.000 personnes contre 130.000 pour l'armée de terre. Suivront la Marine nationale (printemps 2012), l'Armée de l'air (automne 2012) et la Gendarmerie (début 2013).

Avec les civils (système Alliance), ce sont au total 400.000 personnes qui seront concernés. Cette réforme s'inscrit dans un cadre plus général, celui de la création d'un Opérateur national de paye (ONP), mis en place par la Direction générale des Finances publiques de Bercy, qui concernera TOUS les fonctionnaires civils et militaires, à partir de 2015. Louvois est la "brique" du ministère de la Défense dans ce futur système. 

Pourquoi ça coince ? 
Le système a d'abord été testé "à blanc", puis "en double" (ancien et nouveau système en même temps), durant les premiers mois de l'année, jusqu'à atteindre un taux de risque inférieur à 1%. "On ne peut pas basculer avec un risque zéro, cela n'existe pas" affirme un spécialiste, qui rappelle que, en temps normal, une centaine de personnes ne percoivent pas normalement leur solde chaque mois sur l'ensemble des militaires. 

 
Lorsque le système a basculé en octobre, toutes les données n'avaient pas été fiabilisées. L'un des principaux problèmes rencontrés est tout simplement celui des RIB (relevés d'identités bancaires), le nouveau système ne reconnaissant pas ceux de l'ancien... parce que RIB ont eux-même changés du fait la législation européenne.  

 
Pour faire face aux difficultés, il a donc fallu "forcer" le système Louvois à verser certaines soldes : 12.000 cas en octobre (soit près de 10% du total), 10.000 en novembre et 4.000 en décembre.

Les opérations se font au Centre expert des Ressources Humaines (CERH) de Nancy, dont les effectifs ont été renforcés. 90 personnes y sont à pied d'oeuvre pour assurer la "post-bascule". Et aussi la "rescue", car, malgré tout un certain nombre de cas n'ont pas été résolus. "1387 soldes n'ont pas été perçues en octobre et 1116 en novembre : nous le savons parce que les sommes ont virées mais qu'elles nous ont été retournées par les banques". 

Y-a-t-il un bug informatique ? 
Selon les spécialistes de Louvois, un seul bug informatique a été formellement identifié. Il concerne la solde des sous-officiers naviguants de l'Alat devenus officiers. Si bug il y a, il s'agit plutôt de problèmes administratifs, liés à la réorganisation en profondeur de la fonction RH dans les armées, avec, par exemple, la création des Bases de défense. Pour éviter les problèmes au moment des fêtes, le versement de la solde de décembre a été avancé au 12 de ce mois. 


Que faire en cas de problème ? 
Il faut prévenir son organisme admistratif (OA), en principe au Groupe de soutien de la base de défense (GSBDD) où se trouvent les consoles Concerto - qui fournissent les données à Louvois.

Des solutions transitoires peuvent être trouvées (virement en forçant le système ou directement par le comptable). Les assistantes sociales des armées peuvent, en cas de situation difficile, verser une aide matérielle. Elles l'ont fait à 71 reprises pour une somme totale de 52.000 euros. 

 
Au 20 décembre, le CERH de Nancy n'avait plus de dossiers à traiter - la tempête semble s'éloigner.




  

Publié dans Armée

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article