Le PS a déjà son gouvernement..
Gérald Andrieu - Marianne | Mardi 31 Août 2010
L’envie de gauche est forte. Du moins, les sondages le disent. Et ces enquêtes d'opinion alimentent chez les dirigeants socialistes une autre envie: une envie de ministères!
La victoire parait si sûre : la France aurait tellement une envie de gauche... Le PS, qu’il soit mené au combat élyséen par DSK, Aubry ou même Hollande, devrait battre ce sortant de Sarko à plate couture. Puisque les sondages le disent ! Dans les travées de La Rochelle, sous le poids des bons chiffres, les têtes tournent… et se couronnent. Dans les travées de La Rochelle, alors que vingt mois nous séparent de l’échéance finale, chacun y va de son petit pronostic sur qui obtiendra un maroquin ! Qu’importe que Martine Aubry, elle, prenne soin de relativiser les résultats des dernières enquêtes d’opinion (« Je ne dis pas que les sondages sont faux. Ils sont “aujourd’hui” »), le premier gouvernement socialiste de 2012 prend déjà forme.
Aussi étonnamment que cela puisse, c’est devant les grilles de la Place Beauvau que les prétendants se font les plus nombreux. Sans doute se disent-ils qu’ils ne pourront pas faire pire à l’Intérieur que Sarkozy et ses clones… Le nom de Manuel Valls, bien sûr, est cité abondamment. Celui, aussi, de François Rebsamen, devenu LE Monsieur Sécurité du PS dans les médias depuis que la maire de Lille lui a confié l’animation d'un forum sur ce sujet. De quoi agacer sans doute ce « héraut si discret » qu’est Jean-Jacques Urvoas, secrétaire national du parti à la Sécurité, qui, lui, depuis dix-huit mois, tisse discrètement son réseau dans un territoire traditionnellement hostile aux représentants politiques de gauche : celui des forces de l’ordre…
Il est un autre personnage qui se rêverait en ministre de l’Intérieur. Un personnage plus inattendu : Jean-Vincent Placé, le numéro deux des Verts ! Venu à La Rochelle pour participer à un atelier sur la sécurité, notre homme, répète-t-on, se verrait bien dans les habits de premier flic de France. Une chose est sûre : il semblait plus à l’aise et plus souriant au milieu de ses amis socialistes, ce week-end, qu’à Nantes, une semaine plus tôt, aux côtés de ses collègues d’Europe écologie…
François Hollande, quant à lui, s'imagine volontiers poser ses valises à Matignon. L’ambition a beau être consubstantielle à l’action politique, elle ne doit pas rendre aveugle. Au mieux, analysent certains, il atterrira à Bercy. Tout le travail accompli par l’ex-patron de Solférino dans le domaine de la fiscalité n’aura finalement peut-être pas servi à rien…
Autre noble ministère : celui des Affaires étrangères. Deux pointures pourraient en prendre les commandes : Laurent Fabius et Hubert Védrine. L’un comme l’autre n’aura aucun mal à éclipser l’actuel occupant du poste, ce pauvre Bernard Kouchner, gardien du Quai d’Orsay et avaleurs jamais rassasié de couleuvres sarkoziennes…
Il y a enfin les plus proches du pouvoir solférinien, ceux qui savent qu’ils seront sans doute les moins bien récompensés si la gauche venait à l’emporter. Car bien évidemment, le victorieux candidat socialiste devra remercier beaucoup beaucoup de monde. Jean-Christophe Cambadélis, premier lieutenant de Dominique Strauss-Kahn, affirme ne rien réclamer et se voit, dit-il, un avenir « à la Devedjian » ! Patrick Devedjian qui, au début de la présidence de Nicolas Sarkozy, voyant un ministère lui échapper, avait eu ce mot formidable : « Je suis pour aller très loin dans l'ouverture, y compris jusqu'aux sarkozystes » !
Reste enfin un poste qui n’a pas encore trouvé preneur : celui de ministre de la Raison gardée…