Le POINT: Le PS n'a plus peur de Ségolène Royal

Publié le par DA Estérel 83

Le Point-copie-1 27/09/2010

 

"J'ai une passion, Ségolène Royal. Je constate qu'aujourd'hui, elle est le leader du PS. Elle parle à la place du premier secrétaire sur les retraites. Mme Aubry s'efface. Mme Royal, quand on lui donne de l'espace, l'occupe. C'est Mme Aubry qui la remet en selle." En une sortie mi-ironique, mi-analytique, au micro d'Europe 1, mardi, le porte-parole de l'UMP Dominique Paillé frappe-t-il juste ? Depuis la rentrée, on n'entend plus qu'elle, on ne voit plus qu'elle.

Puisque Ségolène Royal est fidèle à sa nouvelle ligne de conduite, sage, oeuvrant pour le PS, par le PS, le parti lui laisse un espace médiatique conséquent. La direction étant aujourd'hui globalement persuadée que les chances de victoire aux primaires de la présidente de Poitou-Charentes, si elle décide d'être candidate, sont nulles, elle n'a plus peur. Alors, du plateau deÀ vous de juger, le 9 septembre, envoyée spéciale du PS pour parler des retraites, à la Fête de la fraternité organisée samedi à Arcueil (Val-de-Marne), Royal dispense sa bonne parole sans être contredite ou critiquée par les siens. Martine Aubry est même suffisamment détendue pour juger "parfaite" la prestation sur France 2 de son ex-rivale.

Jeu subtil

La candidate à la présidentielle 2007, qui ne parle plus que d'"unité" depuis l'université d'été du PS, fin août, à La Rochelle, peut-elle tirer avantage de cette baisse du niveau de vigilance de ses camarades ? À Pau, où les parlementaires socialistes font leur rentrée mardi et mercredi, si la provocation de Dominique Paillé fait vaguement sourire, on se rappelle aussi de l'audace de Royal.

"C'est un animal de combat. À la direction, ils ont trop vite cru qu'elle était out. Mais c'était évident qu'elle ferait un come-backdes 20 heures, un bon coup", dit un député peu suspect de ségolénisme... Un autre, qui penche pour Dominique Strauss-Kahn, juge : "Martine Aubry a laissé beaucoup d'espace à Ségolène Royal." Et de lâcher : "Royal a vu une porte entrebâillée, elle a mis le pied dedans."

Les soutiens de Ségolène Royal jouent, en effet, un jeu subtil. À Arcueil, ils ont invité tout le monde, de Martine Aubry, qui s'est fait représenter par son bras droit Claude Bartolone, au président du Parti de gauche Jean-Luc Mélenchon, qui a tout de même quitté le PS en 2008 de peur que Royal n'en prenne la tête... Signe de bonne volonté, oui, mais aussi "preuve que c'est bien elle qui rassemble aujourd'hui", souligne son porte-parole Guillaume Garrot. Les murs de Solférino ne tremblent pas pour autant.

L'envie de l'UMP

En réalité, plus personne ne craint vraiment Ségolène Royal. "Quelque chose s'est cassé à la base, les militants n'en veulent plus", affirme un député socialiste au Palais des Congrès de Pau. "Ceux qui l'ont soutenue en 2007 ne reviendront pas", précise un autre. "Lorsque je l'ai quittée, elle défendait les alliances avec le MoDem. Aujourd'hui, elle invite Mélenchon à la Fête de la fraternité", soupire un troisième.

Si, finalement, de nombreux élus jugent que Royal a "envie" d'être candidate aux primaires, un autre son de cloche se fait de plus en plus entendre. "Actuellement, Ségolène Royal répare les dégâts qu'elle a causés autour d'elle, mais aussi pour elle-même, en pariant sur l'effondrement de Martine Aubry, puis en appelant au dépassement du PS", analyse un influent membre de la direction. "Elle aime la politique, elle ne veut pas être marginale en cas de victoire en 2012", poursuit-il. "Et puis, de toute façon, c'est plié. Il n'y a plus aucune chance que le candidat soit un autre que Dominique Strauss-Kahn ou Martine Aubry", tranche-t-il.

Finalement, c'est à l'UMP que l'on risque d'être déçu. Début septembre, Dominique Paillé confiait au Point.fr : "Ségolène Royal est notre meilleure chance. Parce qu'elle sait faire perdre son camp."

Publié dans S.ROYAL

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