Le plan social de PSA c'est 8000 emplois sacrifiés à l'austérité

Publié le par DA Estérel 83

ANTIBOBARDS

 

 

Il y a des événements qui sont comme des leçons d’économie « in vivo » . Ainsi, ce matin Antibobards a écouté les explications du président du directoire de PSA, Philippe Varin, au siège du groupe, avenue de la Grande-Armée à Paris. Pour justifier les 8000 disparitions de postes annoncées aux syndicalistes, la patron n’a pas à fournir beaucoup de chiffres : « Nous faisons face à une dégradation de grande ampleur et durable du marché européen », explique-t-il. Le-dit marché a effectivement diminué, depuis le début de la crise en 2008, près de 4 millions d’unités vendues par an, sur une vingtaine de millions. « Nous sommes revenus vingt ans en arrière », insiste-t-il. 

Résultat, les usines de Rennes et de Poissy (Yvelines)  tournent à 76% de leurs capacités et PSA perd de l’argent, 700 millions d’euros en pertes d’exploitation au premier semestre, et grille entre  100 et 200 millions de cash flow par mois. Une situation intenable. La fermeture d’Aulnay-sous-Bois, la réduction de capacité à Rennes, la réduction  3800 emplois dans les structures dont 1500 dans la recherche développement, c’est le signe que PSA a décidé de s’adapter au marché tel qu’il est. 

Pour en revenir à la leçon d’économie : on peut en tirer deux leçons. 

La première est évidente : si la marché automobile est exsangue, c’est à cause des politiques forcenées d’austérité partout en Europe, et particulièrement en Europe du Sud. L’Italie et et l’Espagne sont des marchés importants de PSA, et c’est là que le chômage de masse, la stagnation voir le recul des salaires, la hausse des taxes ont ponctionné le pouvoir d’achat des ménages et des entreprises, qui sont les clients des groupes automobile. 

La deuxième leçon est pire encore : sans retour de la croissance en Europe, beaucoup de groupes tricolores qui travaillent prioritairement pour le marché européen, et ont attendu une fin de crise qui ne vient décidément pas, vont eux aussi adapter leurs capacités à la nouvelle donne du marché. Le phénomène a commencé. Outre PSA, Iveco ferme une usine de camion en France.
Le raffinage ferme deux sites majeurs à Marseille et en Normandie. Mais on peut faire la même interprétation pour la branche des télécommunications.  L’irruption de Free avec ses tarifs low cost, a certes bouleversé le jeux du trio Orange-SFR-Bouygues, mais comme le reconnaît Stéphane Richard, le problème c’est bien que le nouvel entrant fait irruption sur un marché qui croit beaucoup moins vite qu’auparavant. , etc. En fait c’est toute l’économie française qui va se recaler dans les mois et les années qui viennent. 

La troisième leçon, est que l’austérité peut amener des pertes encore plus irréparables. Il faudra sans doute que le gouvernement de gauche prenne acte de la fermeture du principal employeur privé de Seine-Saint-Denis. Mais la prochaine étape pourrait être la perte d’autonomie du groupe PSA lui-même, pourtant déclaré « monument national » par Arnaud Montebourg, jamais avare de formules. Car l’Alliance entre PSA et l’américain GM est appelée à prospérer. Au plus tard en octobre, Philippe Varin devrait annoncer la politique de partage des modèles entre Peugeot-Citroën et GM Opel. A ce genre de jeux, c’est le plus gros qui gagne, le plus souvent. Et dans l’Alliance, le plus gros ce n’est pas PSA, malgré son incontestable avance technologique… 

Antibobards attend donc avec impatience, et disons-le quelques doutes, à la fois l’indispensable réorientation de l’Union européenne vers la croissance annoncée par le président de la République le 29 juin, et le plan automobile du ministre du Redressement national, vraisemblablement à la fin du mois de juillet. Sur les deux plans, les enjeux sont énormes. 

Publié dans Economie

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