Le don de sang "éthique" menacé en France

Publié le par DA Estérel 83

Le Point

 

 

 

Le gouvernement envisage d'importer du plasma issu de dons rémunérés. Une remise en cause fondamentale du don de sang en France.

EXCLUSIF. Le don de sang "éthique" menacé en France

C'est une décision du gouvernement qui pourrait bien bouleverser le don de sang en France. Alors que l'Hexagone risque une pénurie de plasma, le ministère de la Santé envisage d'importer ce produit sanguin de l'étranger. Une première en France, où le don de sang est extrêmement encadré, en particulier depuis l'affaire du sang contaminé, et notamment régi par un principe - jusqu'ici - inaltérable : la gratuité. Un principe qui fonde l'essence même du don "éthique" français.

L'objectif de la gratuité est double. D'abord affirmer un choix philosophique : le corps ne peut se vendre, il est inaliénable, seul un don est possible. Mais aussi optimiser la sécurité. Car, si le don de sang était rémunéré, il serait à craindre que certains donneurs, motivés par l'appât du gain, ne biaisent leurs réponses au questionnaire et à l'entretien préalable au prélèvement. Or celui-ci permet au médecin de déceler de potentiels risques pour le donneur ou pour la personne à qui est destiné le sang recueilli. La règle de la gratuité n'a ainsi jamais été remise en cause depuis la première loi régissant la transfusion sanguine, en 1952. Pourtant, c'est bien ce principe-là qui est aujourd'hui menacé.

Inactivation impossible ?

La France "fabrique" son propre plasma, en le rendant, après prélèvement, inoffensif sur le plan viral. Le plasma peut être "inactivé" par trois méthodes. La première, utilisée pour 75 % du plasma français et appelée SD, n'est possible que grâce au "solvant détergent" produit dans une usine située à Bordeaux... qui est actuellement en arrêt technique. Une autre possibilité est de traiter le plasma au bleu de méthylène (BM) : une méthode caduque depuis une décision publiée dans le JO du 3 novembre dernier, interdisant le "plasma bleu". L'arrêt concomitant de la fabrication de ces deux plasmas a donc conduit inévitablement à une pénurie.

Pour y remédier, l'Établissement français du sang, établissement public opérateur de la transfusion sanguine en France, a proposé plusieurs scénarios de rechange. Mais le ministère de la Santé n'en a validé aucun à ce jour et s'orienterait, en revanche, plutôt vers l'importation de plasma. Une éventualité qui pourrait devenir réalité, à tel point que les organisations syndicales de l'EFS ont été averties dès jeudi 4 novembre de la probable décision du ministère. 

La France se tournerait alors vers une entreprise basée en Suisse, Octapharma. Mais celui qui se revendique "leader européen des médicaments dérivés du plasma" ne peut garantir que son plasma est "100 % éthique". Un problème colossal à même de remettre en cause ce principe fondateur de santé publique auquel les donneurs et le personnel travaillant en transfusion sont très attachés. 

Publié dans Santé

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