La politique du pire des républicains américains

Publié le par DA Estérel 83

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L a crise de la dette américaine entre dans une phase dangereuse. Elle paralyse Washington, et, plus grave, elle pèse sur la conjoncture aux Etats-Unis. Ce qui pourrait ne pas être sans conséquence sur l'activité mondiale, notamment en Europe.

Voilà des mois que le Congrès - plus particulièrement la Chambre des représentants - n'arrive pas à se mettre d'accord sur deux décisions essentielles : le relèvement du plafond de la dette publique, d'une part, et un plan concerté de réduction du déficit budgétaire, d'autre part.

Le 18 avril, déjà, ce blocage a conduit l'agence de notation Standard and Poor's à donner " une perspective négative " à la note de la dette américaine à long terme. Cette fois, c'est l'agence Moody's qui, jeudi 2 juin, lance un nouvel avertissement : faute d'accord au Congrès, la note de solvabilité des Etats-Unis pourra être abaissée.

Traduit de l'invraisemblable jargon des agences de notation, cela veut dire que la confiance des marchés dans le dollar commence à être un peu ébranlée.

Il n'y a pas de risque de défaut de paiement sur la dette souveraine américaine. Mais le Congrès joue avec le feu. Et les républicains, qui ont la majorité à la Chambre, excellent dans le rôle des apprentis pyromanes !

Depuis la mi-mai, la dette publique américaine (les déficits cumulés de l'Etat fédéral) a atteint le plafond fixé par la loi : 14 294 milliards de dollars - 99 % du produit intérieur brut (PIB). Au-delà de cette limite, établie par le Congrès, Washington ne peut plus s'endetter, donc fonctionner.

Le Trésor américain assure qu'il se débrouillera jusqu'au 2 août. Après, il est menacé de défaut de paiement sur certaines émissions obligataires. Démocrates et républicains en conviennent : il faut relever le plafond de la dette.

Seulement, les républicains y mettent une condition : davantage de coupes dans les dépenses publiques pour lutter contre le déficit budgétaire (plus de 10 % du PIB). C'est pure démagogie. Aucun économiste sérieux n'imagine une réduction à long terme de l'abyssale impasse budgétaire américaine sans une hausse des impôts, d'une manière ou d'une autre.

Le président Barack Obama est prêt à un compromis. Il se heurte à un Parti républicain qui a fait de l'impôt un tabou et, sous la pression du mouvement Tea Party, un dogme de la réduction de l'Etat- providence.

Le fond de l'affaire est politique. Tout se passe comme si les républicains, en campagne pour novembre 2012, jouaient la politique du pire : plus la situation économique sera mauvaise, plus ils ont de chance de gagner la Maison Blanche. Or, la reprise est molle, le marché de l'immobilier s'effondre, celui du travail est en piteux état.

Le comportement des républicains est d'autant plus irresponsable qu'ils sont, eux, les principaux responsables de la dégradation des finances publiques du pays. Ils sont les inventeurs de cet étonnant cocktail : plus de dépenses, militaires notamment, et toujours moins d'impôts... Des apprentis sorciers !

Publié dans Etranger

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V
<br /> Je dirais que l'étape "apprentis" est largement dépassée à ce jour !<br /> <br /> <br />
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