Karachi : un porteur de valises ne croit pas aux explications de Balladur

Publié le par DA Estérel 83

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L'ex-Premier ministre justifie des dépôts d'espèces pour sa campagne électorale de 1995 par la vente de gadgets et les quêtes dans les meetings, ce que réfute cet ancien élu UMP parisien.

Un ancien élu parisien UMP, Alexandre Galdin, qui dit avoir porté des valises d'argent pour la campagne d'Edouard Balladur en 1995, a déclaré mercredi que l'explication avancée par le camp de l'ex-candidat pour justifier des dépôts en espèces dans le dossier Karachi n'était «pas crédible».

Pour justifier un dépôt en espèces de 10 millions de francs le 26 avril 1995 au Crédit du Nord, Edouard Balladur a expliqué que ces fonds provenaient de quêtes dans les meetings et de la vente de gadgets, lors de la campagne présidentielle.

«Pour moi, cet argent ne pouvait pas être le résultat de collectes dans les meetings ou de vente de tee-shirts, c'était mensonger, ce n'était pas crédible, les quêtes dans les meetings sont très minimes, ce n'était que quelques pièces», a affirmé sur France Info Alexandre Galdin, qui dit avoir transporté des mallettes et une valise bourrée d'argent liquide pour la campagne de Balladur. «Ma conviction, c'est qu'il s'agissait des fonds secrets de Matignon», a ajouté M. Galdin, qui ne pensait pas «que c'était illégal».

Trois jours après l'élimination d'Edouard Balladur au premier tour de la présidentielle, M. Galdin arrive au QG de campagne. Il raconte : «Je vois dans le bureau des piles de billets de 500 francs et de 200 francs, des grosses coupures sur tous les bureaux de la trésorerie. Un peu sidéré, je pose des questions : qu'est ce que cet argent ? Et on m'a dit : ne pose pas de questions, ça ne te regarde pas. Et j'ai accompagné le trésorier de la campagne pour porter cet argent, ce n'était plus une mallette, c'était une grosse valise pleine de liasses de billets non ficelés. Je me souviendrai toujours de la tête des responsables du siège de la banque quand on a ouvert cette valise, des regards effarés devant cet argent, ils s'étonnaient comme moi du montant.»

Les juges Renaud van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtent sur d'éventuelles malversations financières en marge de contrats d'armement au Pakistan et à l'Arabie Saoudite conclus par la France en 1994 pour financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995. L'enquête a mis au jour le versement d'importantes sommes en espèces sur le compte de campagne (20 millions de francs, dont 10 millions en une seule fois après le 1er tour). Son ex-chef de cabinet à Matignon, Pierre Mongin, a certifié que ces sommes ne provenaient pas des fonds secrets.

 

Publié dans Affaires

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