Faire échec aux fondamentalismes

Publié le par DA Estérel 83

CL11112010

 

 

Qui oserait reprocher au ministre de l'Intérieur Manuels Valls d'avoir haussé le ton après la manifestation de quelques dizaines d'islamistes militants devant l'ambassade des États-Unis? Ce rassemblement non autorisé n'a certes revêtu ni l'ampleur ni la violence de ces manifestations similaires enflammant les capitales du monde arabo-musulman depuis l'irruption sur le web d'un extrait du film injurieux sur Mahomet. Mais le risque potentiel est bien le même, relevé entre autres par Dalil Boubakeur, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, lorsqu'il y voit un nouveau signe inquiétant de la capacité de mobilisation des groupes salafistes n'hésitant plus à agir pratiquement au grand jour dans la capitale. Depuis la semaine dernière, les manifestations suscitées par le film «L'innocence des musulmans» sont devenues un test grandeur nature de la capacité des régimes issus des révolutions arabes à maîtriser les débordements d'un islamisme radical dont ils prétendent incarner la face respectable.

Et force est de constater que du Caire à Tunis en passant par Khartoum, aucune capitale arabe ne réussit à stabiliser une situation d'autant plus explosive que les pouvoirs en place y partagent l'indignation des manifestants. Si les forces de l'ordre ont souvent chargé sans ménagement devant les ambassades américaines, les autorités politiques des pays concernés ont constamment montré ces derniers mois des indulgences coupables face aux débordements récurrents des tenants d'un ordre islamiste pur et dur. Comme nombre de ses homologues occidentaux, la secrétaire d'État américaine Hillary Clinton veut encore croire que

«les peuples d'Égypte, de Tunisie, de Libye, du Yémen n'ont pas troqué la tyrannie d'un dictateur pour la dictature des foules». Mais tous s'alarment chaque jour davantage des conséquences sociétales planétaires de la légitimation de l'islamisme radical sanctionnée par les urnes dans la foulée des révolutions arabes. Lors de sa visite au Liban, le Pape Benoît XVI a lui aussi lancé un appel à faire barrage à un«fondamentalisme qui affecte toutes les communautés religieuses» de toutes les confessions. Ces appels à la raison seront-ils entendus alors que le poison fondamentaliste irrigue la surenchère extrémiste dans le monde entier, jusqu'aux États-Unis avec les anathèmes du Parti Républicain contre le laxisme supposé de Barack Obama face à la « menace » musulmane ? Il est permis d'en douter fortement. C'est pourquoi la vigilance doit être absolue, de tous les instants et dans tous les lieux du «vivre ensemble» face aux surenchères des fondamentalistes de tous bords.

Publié dans Société

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