Electricité : l'embrouille qui va exploser votre facture d'électricité

Publié le par DA Estérel 83

ANTIBOBARDS

 

 

Une décision d’apparence technique sur le prix de revente de l’électricité nucléaire doit intervenir dans les semaines à venir. L’enjeu est considérable, de l’ordre de plusieurs milliards d’euros, qui iront dans des poches privées ou d’EDF. Et c’est forcément le consommateur final qui paiera !

C’est une bataille au couteau dont le vainqueur empochera quelques centaines voire quelques milliards d’euros. Elle oppose les deux poids lourds de l’énergie français, EDF et GDF-Suez. Jérôme Mestrallet et Henri Proglio. Les deux se disputent pour savoir à quel prix ils pourront vendre l’électricité produite par les centrales nucléaires. 


Une loi dite Nome prétend instaurer la concurrence sur le marché de l’électricité. C’est très difficile parce qu’il n’y a qu’un réseau, et que l’électricité c’est typiquement le secteur du « monopole naturel ».  La droite, sous la pression de la Commission européenne, a décidé de créer artificiellement la concurrence en contraignant EDF a céder jusqu’à 25% de sa production nucléaire (qui représente 80% du total produit en France). Pour les concurrents, GDF-Suez, Poweo, Direct Energie… c’est pratique. Pas besoin de construire des installations coûteuses, même là où ce serait nécessaire comme en Bretagne et en Paca, région déficitaire et menacées de black out chaque hiver. Il suffira, pour fournir les clients, d’acheter la production d’ EDF.

Mais à quel prix ? Réponse : « au coût complet » du « nucléaire historique » dit la loi Nome. Mais encore ? GDF-Suez, principal concurrent d’EDF, avance 35 euros par mégawatt-heure.  Pourquoi ? Parce que c’est actuellement le prix pratiqué par EDF à ses clients industriels dans le marché « régulé ». EDF crie au « pillage » (expression de Proglio devant les députés). Pour lui, le coût complet du nucléaire serait de 42 euros par mégawatt-heure. Edf a même un temps avancé le prix de 45 euros. Une mission confiée à  Paul Champsaur, haut fonctionnaire et président de l’Autorité de la statistique publique, qui devrait rendre très rapidement un rapport. Selon des indiscrétions Champsaur aurai tranché pour un prix moyen de 39 euros. « Ce n’est pas Champsaur, c’est Salomon », aurait dit un haut fonctionnaire. 


Mais au fait quel est l’enjeu ? Tout simplement l’accaparement de la rente nucléaire. En fait le « coût complet » serait de 31 euros. C’est le chiffre calculé en 2007 par la Commission de régulation de l’électricité  (CRE) et publié dans un avis officiel, rappelé hier par l’UFC-Que Choisir. Mais à ce prix, évidemment, pas de juteux profit possible, ni pour EDF ni pour les concurrents. Alors on cherche un niveau plus acceptable. Philippe de Ladoucette, président très libéral de la CRE (c’est un ami de Gérard Longuet), a déjà renié l’avis de sa propre institution en réévaluant le mégawatt-heure dans une « fourchette de 37,5 euros à 38,8 euros ». 

Tiens on se rapproche !  Par quel miracle ? C’est que le calcul du coût complet a été élargi au coût des capitaux utilisés. Une sorte d’hérésie comptable: les centrales sont déjà presque toutes amorties ! Mais qu’importe. L’important est de justifier un tarif politiquement acceptable. 

Les différences de prix ont des effets considérables. Devant les députés, Henri Proglio affirme : « l'effort fait pour passer de 46 à 45 euros puis à 42 euros pendant les 4 ans de transition, coûtera à EDF 10 milliards d'euros ». Si on suit son raisonnement, chaque euro de plus ou de moins sur le mégawatt-heure déplace environ 3 milliards d’euros, soit vers les caisses d’EDF, soit vers celles de ses concurrents. Donc entre 31 euros et 39 euros, l’enjeu serait de 21 milliards d’euros sur 4 ans ! Entre 31 et 42,  c’est 33 milliards. Gigantesque ! 


Qui va payer ? Mais les clients bien sûr. Selon les calculs de l'UFC-Que Choisir, le cours de 39 euros amènera les tarifs régulés de l’électricité à augmenter les factures de tout un chacun de 5% par an pendant quatre ans.  Certains vieux clients noteront que, entre 1974 et 1990, ils ont déjà payé le coût de la construction du parc de 58 réacteurs nucléaires avec des factures qui étaient à l’époque souvent plus élevées en France qu’ailleurs en Europe… La rente nucléaire devrait logiquement leur revenir. 

A moins que la Nation toute entière ben profite. C’est l’opinion défendue par  Marcel Boiteux, ex-PDG d’EDF. Le père du programme électronucléaire français explique dans un article   publié par la revue « Commentaires » que la rente nucléaire, plutôt que d’être captée par des intérêts privés, ou par EDF elle-même (qui est maintenant un acteur mondial, et plus le simple fournisseur des Français) assez illégitimes,  devrait être utilisée à rembourser la dette publique, ou à investir pour l’avenir. Pas bête, l’ancien ! 


Publié dans Economie

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V
<br /> je pense qu'il faudrait déduire ces augmentation de nos factures, tous, et surtout ne rien signer pour le nouveau compteur car c'est plusieurs centaines d'emplois supprimés chez EDF, et une facture<br /> de 300 euros pour nous que rien n'oblige !<br /> <br /> <br />
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