«Des gueux» à l’assaut du château de Bernard Arnault

Publié le par DA Estérel 83

Libé

 

 

 

«Avec ce froid, si on arrive à rassembler une centaine de personnes, on sera contents» prévenait hier soir, Christophe Miqueu, l’un des organisateurs de cette «marche des gueux» en direction du château Yquem, un premier cru classé considéré comme le meilleur vin liquoreux au monde.

Arrivés en convoi d’une trentaine de voitures, une centaine de militants du Front de gauche de Gironde se sont retrouvés finalement en fin de matinée ce samedi, au milieu des vignes de Sauternes à quelques centaines de mètres de l’entrée du château, propriété de Bernard Arnault. Dix minutes plus tard, des drapeaux rouges flottent sur les vignes gelées, des tables sont dressées sur des tréteaux pour un apéro chips-saucisson arrosé de vin... En cubitainer.

Avec cette «marche des gueux», les militants ont voulu marquer les esprits. «Les libéraux veulent que l’on revienne au temps de Zola. Nous on remonte carrément au Moyen-Age, au temps des gueux. Et on vient demander un peu d’argent au propriétaire du château, précise Francis Daspe, secrétaire du Parti de Gauche en Sud Gironde. Il ne faut pas oublier non plus qu’il y a un siècle ceux qui voulaient mettre à mal la République l’appelaient la Gueuse. Nous sommes les gueux de la Gueuse.»

«La fortune personnelle de M. Arnault est estimé à 33 milliards d’euros,poursuit Michel Hilaire, conseiller général et candidat aux législatives.Quand on pense que la TVA sociale doit rapporter 12 milliards d’euros. On va emmerder 65 millions de Français avec ça, alors que si on les prenait à Bernard Arnault, il lui en resterait encore 20 milliards.»


Distribution de faux billets

A ses côtés, Christine Texier, élue communiste de Bègles, distribue des faux billets de 500 euros affublés de la tête de Nicolas Sarkozy. «Si on ajoutait un billet comme celui-là au SMIC, ce serait déjà pas mal», souligne la militante en tendant ses grosses coupures. Lisa les accepte en souriant. Un seul vrai billet comme celui-là la dépannerait bien. Cette jeune femme de 34 ans est venue avec sa petite fille de quatre ans. La petite, en combinaison de ski pour affronter le vent glacial, se serre dans les bras de sa mère qui dépeint sa situation: «On vit de plus en plus difficilement. Je n’ai jamais connu le chômage mais j’élève seule ma fille et ce n’est pas toujours facile de faire face aux factures. Je touche un complément RSA alors que j’ai toujours travaillé. Psychologiquement, ce n’est pas facile non plus d’être tributaire de prestations sociales.»

Stéphane Denoyelle, militant communiste d’une quarantaine d’années, a lui aussi le sentiment de «faire partie des gueux. Nous formons cette classe populaire qui travaille et à qui on explique qu’il faut revoir ses ambitions. Il faudrait se serrer la ceinture et réduire les services publics alors que la richesse, il y en a dans ce pays. C’est ce que nous voulons montrer avec cette marche.»

Après quelques verres et ne voyant pas le châtelain se déplacer pour leur offrir quelques bouteilles de sa production, les «gueux» quittent les terres de Bernard Arnault pour rejoindre leurs fiefs plus modestes.

Publié dans Société

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