Christiane Taubira, cible préférée de la «réacosphère»

Publié le par DA Estérel 83

LaitDbeu

 

 

Nommée garde des Sceaux mercredi dernier, Christiane Taubira concentre toutes les critiques de l'opposition. Pour notre blogueuse associé Lait D'beu, les attaques d'un camp envers l'autre sont de bonne guerre, excepté lorsqu'elles sont fondées sur des «arguments fallacieux».

(Christiane Taubira, cible de l'UMP - VILLALONGA KARINE/SIPA)
(Christiane Taubira, cible de l'UMP - VILLALONGA KARINE/SIPA)
Crotte ! Zut ! Flûte ! Autant de politesse confondra les habitués de ce blog… Mais  «souvent femme varie» et j’aime à surprendre. Croyez bien toutefois que l’édulcoration de mes jurons est inversement proportionnelle à mon courroux, le déversement de bile noire – façon « peste brune » – depuis ces longs mois de campagne de plus en plus crapoteuse étant de plus en plus UM/Psupportable. 

Je n’y étais certes pas – j’ai beau avoir beaucoup de bouteille mais quand même ! –, mais je m’intéresse suffisamment à l’histoire pour connaître cette période par des lectures ou des documentaires, ou ce que m’en ont dit mes parents et ce n’est nullement sans raison que je fais, depuis au moins 2009 – le funeste débat sur l’identité nationale, voulu par Nicolas Sarkozy, Eric Besson et Jean-François Copé –, le parallèle entre notre époque délétère (j’oserais même dire décadente, on pourra bien me traiter une fois de plus de réac, cela ne me fait pas plus d’effet qu’un aca d’iau sur les plumes d’un canard) et l’entre-deux guerres avec ses ligues fascistes et ses attaques contre les Juifs, les métèques et les étrangers en général. Beark ! Beark ! Beark ! 

«Le ventre de la bête est toujours fécond», n’est-il pas ? Et je n’ai pas lieu d’être particulièrement optimiste quant à l’avenir. Il s’en échappe une multitude de vermine grouillante à souhait. Aujourd’hui, tout semble permis. Plus aucun frein à l’ignominie. Ce ne sont plus des arguments politiques mais du dégueulis.

LE SOIT-DISANT DRAPEAU FRANÇAIS BRÛLÉ À LA BASTILLE

Je ne suis pas offusquée que la droite attaque Christiane Taubira sur les mesures annoncées en matière de justice. Cela fait partie du jeu normal de la politique puisqu’elle prend l’exact contre-pied des mesures phares de Nicolas Sarkozy. Elle n’a pas pris ces décisions sous son bonnet, elles font partie du programme de François Hollande. C’est de bonne guerre, à condition toutefois que ses détracteurs n’utilisent pas d’arguments fallacieux. Ce qui ne me semble pas être le cas de la part de l’UMP et du FN, mais j’aurais certainement l’occasion d’y revenir. 

Quand la fange naviguant entre l’UMP et le FN – la frontière est de plus en plus poreuse, et le Monde a raison de parler de «réacosphère» – déverse de parfaits mensonges sur Twitter, c’est absolument inadmissible. Or, c’est exactement ce qui vient de se passer. 

Selon ce que j’ai lu lundi, en fin d’après-midi, sur le Monde«Christiane Taubira cristallise les rancœurs sur le Web», elle est notamment accusée d’avoir affirmé au micro de RFI, en parlant d’un drapeau français brûlé sur la place de la Bastille le 6 mai, «Brûler des drapeaux français, c'est un geste de liesse pardonnable»

Or, nous savons grâce au Lab d’Europe 1 – sur lequel les intervenants font un travail remarquable d’analyse, de décryptage et de désintox dont je me suis souvent servi – qu’il s’agit d’une rumeur totalement infondée. Geoffrey Bonnefoy, auteur de l’article «Taubira et les drapeaux français brûlés : démontage d'une rumeur», indique que la rumeur circule depuis le samedi 20 mai, 20 heures, sur les réseaux sociaux et souligne surtout que «les relayeurs de cette théorie ne partagent aucun lien permettant de vérifier la véracité de leurs propos, pas plus qu’ils ne précisent la date de ladite déclaration»

Et pour cause ! Aucune trace de cette déclaration selon la direction de RFI… Pur mensonge donc, tout autant que la rumeur selon laquelle il y aurait eu un drapeau brûlé place de la Bastille, le 6 mai, qui circula deux jours plus tard, toujours sur le Web. L’image censée confirmer l’information daterait en fait de 2007 et le cliché aurait été pris à Toulouse. Il est fort heureux que des internautes et des journalistes, épris de vérité et maîtrisant suffisamment les techniques d’investigation informatiques – c’est loin d’être mon cas – soient en mesure de rétablir la réalité des faits. 

Un internaute a même débusqué l’origine de cette menterie, que l’on pourra qualifier de «hoax» ou de «fake» pour rester dans le langage ayant cours sur le Web. Il s’agirait d’une militante de l’UMP qui l’aurait posté sur sa page facebook… Si j’étais aussi parfaite salope que je peux l’être, je dévoilerais son identité puisqu’elle est connue. Ceux qui la voudront connaître n’auront qu’à explorer l’article et les commentaires de l’article du Lab. Idem pour d’autres tweets quand le nom est indiqué. Une recherche sur Google suffit ensuite.

TWITTER, EXUTOIRE DE TOUTES LES HAINES ?

En revanche, j’en épinglerais nommément deux, indiqués sur l’article du Monde

Emery Doligé parce que ce serait un blogueur connu – pas de moi – et qu’il est directeur France de l'agence de communication «digitale» Vanksen (j’avoue que je ne connais pas et n’ai nulle envie de connaître) et, à voir certaines photos sur Google, ce n’est vraiment pas une personne que je voudrais fréquenter. Je ne sais s’il est de la même famille que le sénateur (UMP) et président du conseil général du Loiret, Eric Doligé, auquel son nom m’a immédiatement fait penser. 

Ensuite, la sénatrice (UMP) Joëlle Garriaud-Maylam, représentante des Français à l’étranger. Est-ce de la malveillance, de la stupidité ou les deux à la fois ? Mais je trouve particulièrement indigne autant que lamentable qu’une élue de la République se laisse aller de telle façon et ne prenne même pas la peine de vérifier une information circulant sur Twitter sans aucune référence à une source crédible. 

Je n’ai pas de compte Twitter mais si c’était le cas j’agirais de la même façon que sur ce blog en ne faisant état que d’informations données par des médias crédibles et recoupées par au moins deux articles. 

Twitter pourrait être un formidable outil de communication et d’échanges d’informations entre citoyens. Ce qu’il est sans doute pour nombre d’internautes. Mais ce réseau «social» (?) tend à devenir un déversoir de saloperies sans nom et l’exutoire de toutes les haines recuites et réchauffées au bain-marie dans l’eau de Vichy croupie. 

J’espère par ailleurs que les ministres du gouvernement Ayrault auront d’autres occupations que les Morano et consorts qui n’ont cessé d’y épandre leurs réactions les plus stupides et trop souvent d’une vulgarité peu commune à longueur de campagne électorale.

UNE RUMEUR PROPAGÉE PAR L'UMP

Selon ce que je lis sur le Point«L’UMP exploite des rumeurs d’Internet contre Christiane Taubira», les deux compères habituels de la très fâcheuse «fachittude» – sortes de Laurel et Hardy qui ne font point rire – à savoir les très à droite députés de la Droite populaire, Lionnel Luca et Eric Ciotti, ont embrayé sur la rumeur. Rien de bien surprenant de leur part.«Apprenons-leur le caniveau», m’écrit ce matin «Coup de Grisou» qui, malheureusement, n’a pas ces jours-ci le temps d’écrire des articles… C’est en effet la seule destination de leurs«étrons de campagne» ! 

Le premier à avoir dégainé est Eric Ciotti. Député UMP, et président du conseil général des Alpes-Maritimes et secrétaire national de l’UMP en charge de la sécurité. Tout un programme ! Qui ne s’est embarrassé d’aucun principe ni scrupule pour relayer cette information fallacieuse : accusant Mme Taubira d'avoir «déclaré que brûler un drapeau français n'était pas un acte répréhensible»

Lionnel Luca, également député des Alpes-Maritimes, ne pouvant être en reste en matière de crapulerie a donc demandé par communiqué à Christiane Taubira de «s’expliquer sur des propos qu’elle aurait tenus sur RFI». Encore heureux qu’il utilisât le conditionnel ! Ajoutant que «s’il s’avérait exact qu’elle ait dit qu’il n’y aurait pas de poursuites envers ceux qui ont brûlé des drapeaux français le soir de la victoire du candidat socialiste, sous prétexte "qu’il s’agissait de signes de liesse", ce serait inqualifiable de la part d’un ministre de la République». 

Personellement, je trouve autrement indigne et répugnant d’un élu de la République de propager des rumeurs totalement infondées puisque, d’une part, il n’y a eu aucun drapeau brûlé – il les met au pluriel ! – et que, d'autre part, nous savons que Christiane Taubira n’a jamais tenu de tels propos. 

Les attaques contre Christiane Taubira ne pouvaient en rester là. La «réacosphère» lui reproche son passé de militante autonomiste guyanaise, ce à quoi elle rétorque à juste titre qu’ils se livrent à de «l’archéologie politique», de même lorsqu’ils exhument (Nation presse… c’est tout dire !) une condamnation de Christiane Taubira aux prud’hommes (en 2004) pour le licenciement injustifié d’une collaboratrice parlementaire. 

Je ne sais s’il vous en souvient, mais ce fut le cas en 2007 de Ségolène Royal et l’inénarrable Frédéric Lefebvre chercha à en faire une quasi affaire d’Etat (pour un banal conflit du droit du travail). Ensuite de quoi, la plaignante passa avec armes et bagages à l’UMP. 

Ils ressortent bien évidemment le reproche que lui aurait fait Lionnel Jospin d’avoir contribué à sa défaite en 2002 (avec un peu plus de 2%, s’il m’en souvient). Alors même que nous savons qu’elle lui avait proposé de le soutenir et qu’il avait décliné cette offre. Il n’en faut pas plus à la«réacosphère» pour prétendre qu’elle doit sa nomination au gouvernement au fait qu'elle a renoncé à être candidate à la présidence de la République et a soutenu François Hollande. 

Et alors ? Mais bordel, putain de merde ! «Qui se sente morveux qu’ils se mouchent», eût dit Molière. Qu’a donc fait Nicolas Sarkozy tout au long de son quinquennat, sinon promouvoir des ralliés ? Christine Boutin eût-elle été ministre si elle n’avait appelé à voter Sarkozy ? Et tous ceux qui ont laissé choir François Bayrou en n’ayant garde d’oublier les ministres de«l’ouverture à gauche». Il n’y a guère que le gros Allègre qui n’y a jamais réussi mais parce qu’il était trop con et annonçait, de surcroît, qu’il le serait. Sarkozy aime les «traîtres» quand ils le servent.

L'ESCLAVAGE N'A PAS DE COULEUR

Enfin, tout ce que la France compte de fachos concentre ses tirs sur la loi de 2001 dite «Taubira», qualifiant la traite négrière de crime contre l’humanité. Le site Observatoire de l’islamisation lui reprochant de chercher à «étouffer la traite arabo-musulmane pour accuser les seuls Blancs» ! Accusation reprise sur le site de Riposte laïque, et même sur celui de 24heures-actu, qui serait connu pour être proche de l’UMP… Tiens, donc ! Collusion, vous avez dit collusion ? 

Je regrette mais pour moi l’esclavage n’a pas de couleurs… Il est tout aussi condamnable s’agissant de la traite des noirs que sévissant dans le monde arabe. Sans même parler du travail des enfants qui demeure, hélas, une triste réalité à l’heure de la globalisation ultralibérale. C’est une atteinte même à la dignité de la personne humaine.

Publié dans Justice

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