259ème semaine de Sarkofrance: Sarkozy, enfin jugé

Publié le par DA Estérel 83

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C'était la dernière semaine avant le premier tour de l'élection présidentielle, 259ème depuis son élection en 2007. Nicolas Sarkozy affichait encore sa détermination. Chaque soir, il rentrait vite dormir chez Carla, Villa Montmorency à Paris. Il s'épargnait.

Toute la semaine, il l'avait cherché, cette France silencieuse. Ses meetings se ressemblaient, comme ses déplacements bihebdomadaires quand il était encore Monarque. On y trouvait des très jeunes de l'UNI, avec l'immanquable tee-shirt blanc « Jeunes avec Sarkozy », et des beaucoup plus vieux.

C'était la seule « France forte » qu'il avait trouvé disponible pour des meetings en plein après-midi et en pleine semaine.

« Peuple de France, entend mon appel. »
Dimanche, place de la Concorde, il avait voulu joué du muscle pour un grand meeting en plein air. Il avança son intervention de 40 minutes, pressé de griller la politesse à François Hollande. Ce fut une erreur, il y avait plus de téléspectateurs en fin qu'en début d'après-midi. Jean-François  Copé eut beau clamer qu'il y avait 120.000 participants, les estimations du lendemain frôlaient à peine les 30.000.

Qu'importe, l'effet « massif » tant souhaité n'eut pas lieu, les chaînes d'information zappaient d'un meeting à l'autre. A la Concorde, Sarkozy appela à la résistance contre sa défaite. Ses proches crièrent leur caricature ou leur haine du rival socialiste. Puis Sarkozy déclama son incantation désormais traditionnelle au « Peuple de France ». Les observateurs attentifs notèrent une proposition nouvelle, qui provoqua l'ire d'Angela Merkel outre-Rhin, que la Banque Centrale Européenne soutienne la croissance. Il promit aussi de généraliser une disposition alsacienne, la faillite civile. Un journaliste du Monde rappela, le lendemain, que la mesure existait déjà dans le droit national.

Le lendemain, on se demandait encore si pourquoi Sarkozy accumulait autant de propositions inutiles. Le 15 février 2012, en se déclarant officiellement candidat, il nous avait pourtant promis des mesures fortes et des surprises. Il n'en fut rien. 

Pire, le compte n'y était pas. Malgré 45 milliards d'euros de hausse d'impôt programmées pour les années 2012-2017, le chiffrage de son programme était incomplet, d'près un think-tank proche du patronat. Il manquerait... 11 milliards ! Sarkozy s'était planté sur les chiffres !

« S'il y a bien un chef d'Etat qui n'a pas frayé avec Kadhafi, c'est bien moi ! »
Mardi, le candidat sortant était en difficulté sur France Inter. Quelques journalistes d'une station publique et auditeurs mal polis s'évertuaient à le questionner sur la Libye, l'affaire Bettencourt, le financement de sa campagne électorale de 2007.

Nous étions confondus par l'assurance avec laquelle il proféra ses mensonges. Il n'aurait jamais cherché à vendre du nucléaire au colonel Kadhafi - une accusation rappelée par Anne Lauvergeon, l'ex-présidente d'Areva, la semaine dernière - alors que c'était attesté par des accords officiels de 2007 à 2010 conclus entre la France et la Libye après la libération des infirmières bulgares.

Sarkozy s'innocenta même de n'avoir jamais « frayé » avec le dictateur libyen, oubliant sans doute les quelques jours de célébration parisienne en décembre 2007 quand Kadhafi planta sa tente. Ou les juteux contrats d'équipement de surveillance qu'il négocia quand il n'était que ministre de l'intérieur, pour des raisons qui intéresse désormais la justice.

Il nia également avoir fait espionné des journalistes, alors que son propre ministre de l'intérieur avait reconnu les faits, et une juge les avait minutieusement prouvés.

Qui voulait-il convaincre ?

L'après-midi, à Morlaix, il tentait se réconciliait avec quelques Bretons. Le Figaro s'inquiétait: « le cœur n'y est pas vraiment. »   

« Pendant 5 ans, j'ai mouillé la chemise».
Ca sentait la panique, le désarroi intime. Aux caméras de CANAL+, il concéda que la campagne était «dure ». Mercredi à Arras, il voulait qu'on reconnaisse au moins les efforts à défaut de louer son bilan. Les ralliements soudains et nombreux d'anciens ministres de gouvernement de droite à son rival socialiste avaient surpris. Martin Hirsch, Fadela Amara, Brigitte Girardin, Azouz Begag furent accusés de traîtrise. Sarkozy dénonça le manque d'élégance de Martin Hirsch.

Nicolas Sarkozy continuait sa campagne... contre Marine Le Pen. Son espoir était de grapiller quelques points encore sur le dos de sa rivale d'extrême droite pour arriver en tête du premier tour ce dimanche 22 avril. « Et bien le vote Marine Le Pen, ça servira François Hollande ! Voilà ce que je ne veux pas ! » 

« On va leur montrer qui sont les Français !! »
Jeudi, il était en rage contre les médias, bouc-émissaires faciles, et surtout France Inter. A Saint-Maurice, dans le Val-de-Marne, il eut une longue, trop longue diatribe contre la station publique qui l'avait accueilli deux jours auparavant. Il en avait pourtant nommé le patron. Fallait-il qu'il choisisse lui-même les journalistes, s'il était réélu ?

Sur l'estrade dans une salle mal remplie, il se plaint également de l'égalité des temps de parole. Quelle démocratie préférait-il ? « La conception extraordinaire de l'égalité à la Française, c'est neuf contre un. (...) Et en plus, il ne faut pas se plaindre.» Il sonnait faux, presque mauvais perdant.

Le soir, pendant une dizaine de minutes sur TF1, il énonça, enfin, ses principaux engagements: la suppression des indemnités chômage en cas de refus d'emploi et du RSA en cas de refus des 7 heures de travail forcé hebdomadaire; l'avancement d'une semaine du paiement des retraites qu'il avait refusé en 2010, et une enveloppe non chiffrée pour le soutien scolaire aux élèves en difficulté. Et encore une fois, rien sur les banques ni la finance.

« Je crois aux racines chrétiennes de la France et de l'Europe ». 
Vendredi, il a clôturé sa campagne de premier tour par un meeting de Nice. Sans doute voulait-il sentir la vague de plus près, à l'instar de Brice de Nice... Il continua sur la lancée, très à droite. Le matin sur RTL, il avait concédé avoir « manqué de solennité » en début de quinquennat. Le président Bling Bling était devenu le candidat Zig Zag. 

A Nice, il n'avait plus grand chose à dire, même si Rama Yade l'accompagnait, à peine discrètement. Il voulait durcir les redoublements à l'école ou au collège, contre davantage de moyens, sans jamais les chiffrer, pour les élèves en difficulté. Il parla encore à la « France du non » : « c'est vrai que le projet européen s'est perdu dans la technocratie, a perdu ses valeurs ». N'avait-il pas présidé l'Union européenne pendant 6 mois en 2008 ?

Il dénonça deux erreurs qu'il jugeait essentielles, l'oubli des racines chrétiennes européennes, et l'abandon des des frontières. Ce fut le dernier coup de barre à droite, sur les terres de Marine. « Voilà le moment où le peuple de France va dire sa vérité » avait-il conclu. Mais la vérité du peuple de France sera-t-elle celle du Président des Riches ? 
Certain d'être qualifié pour le second tour, il espérait gagner le dernier duel. Il voulait croire que la lutte avait été trop injuste car il était le seul sortant. « Le moment où les choses sérieuses vont commencer arrivent. Jusqu'à présent, c'était neuf contre un».

Il fallait rentrer, se reposer, et attendre.

Ami sarkozyste, es-tu encore là ?

Publié dans SARKOZY

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